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Introduction
Le devoir comporte d'abord un enjeu moral. Si nous sommes soumis à des devoirs que nous avons l'obligation de respecter, c'est parce que nous ne faisons pas spontanément le bien. Le devoir pose ainsi le problème de savoir comment nous parvenons à faire la différence entre le bien et le mal, et ce qui nous incite à accomplir nos devoirs. Il comporte également un enjeu politique : la loi m'impose des obligations. Quels rapports entretiennent celles-ci avec les obligations morales ?
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Réflexion 1
Comment déterminer quel est mon devoir ?
Le devoir moral nous est-il communiqué par le sentiment ou par la raison ?
Il arrive que le devoir s'impose à moi avec évidence. Mais d'où vient cette évidence ? Elle peut venir d'un sentiment naturel ancré en moi ou d'une habitude acquise par la société. Il est peut être nécessaire de parvenir à une formulation de nos impératifs moraux, comme le propose Kant. Mais sur quoi dois-je m'appuyer lorsque j'hésite sur l'option à choisir ? Est-ce sur l'intérêt du plus grand nombre, comme le pense Bentham ?
En quoi autrui m'oblige-t-il ?
Puis-je hésiter sur ce qu'est mon devoir face au visage d'autrui ? Levinas constate cette évidence : le dénuement d'autrui m'impose une prise en charge. Le devoir n'est donc pas une décision libre et solitaire, il vient avec la rencontre d'autrui comme une exigence éthique infinie.
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Réflexion 2
D'où vient l'autorité du devoir ?
Pour être moral, le devoir doit-il tirer son autorité de lui-même ?
À la différence de la loi juridique, le devoir moral ne s'impose pas par une force publique contraignante. Comment trouve-t-il donc l'autorité pour s'imposer au sujet ? Est-ce dans la religion que l'on peut trouver la source du devoir, comme le suggère Bergson, ou est-ce plutôt des devoirs naturels qui s'imposent indépendamment des formes sociales ultérieures, comme le dit Rawls ?
Le devoir moral n'est-il pas le masque d'une autorité d'un autre type ?
Si le devoir s'appuie sur d'autres éléments que lui-même pour s'imposer, ne peut-on émettre le doute qu'il ne fasse que dissimuler un pouvoir d'une autre nature ? Les normes morales seraient alors un outil par lequel une certaine vision du monde s'impose aux membres d'une société. Faut-il alors soupçonner, avec Nietzsche, que les devoirs ne sont que des instruments destinés à dominer les individus ?
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Réflexion 3
Le devoir moral concorde-t-il toujours avec le devoir du citoyen ?
Peut-il y avoir un devoir de désobéir aux lois ?
Tout membre d'une société a des obligations envers les institutions et envers chacun des membres de cette société. Dans les régimes démocratiques, le but de ces institutions est de garantir la justice, mais cette mise en oeuvre peut rencontrer des obstacles : décisions arbitraires, abus de pouvoir, voire injustices gravées dans la loi elle-même. Comment dès lors nous comporter ? Thoreau propose de jouer sur la force de blocage des minorités. Mais n'est-ce pas mettre en péril l'unité sociale, que l'obéissance à la loi peut chercher à préserver ?
Suffit-il d'obéir pour faire son devoir ?
Arendt nous invite à penser la banalité du mal. Se peut-il que l'horreur des crimes contre l'humanité ne soit le fait que d'hommes d'une terrifiante banalité ? Des hommes qui ont renoncé à leurs devoirs pour ne faire qu'obéir à la loi et aux ordres militaires ? Cette interprétation est contestée, mais elle permet d'opérer une distinction importante entre obéir et faire son devoir.
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Aristote, Éthique à Nicomaque, IVe siècle av. J.- C.
Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886
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Pour aller plus loin
À voir
Krzysztof Kieslowski, Le Décalogue, 1988
Cette série en dix épisodes
met en scène une réflexion
sur chacun des Dix Commandements.
Plus qu'une
simple illustration de ces
impératifs moraux, les
épisodes confrontent les personnages au doute et à une
certaine angoisse quant à la question de savoir comment
mener sa vie.
Le zoom est accessible dans la version Premium.
Alan Pakula, Le choix de Sophie, 1982
Ce film est adapté du
roman éponyme de
W. Styron. Un jeune écrivain
rencontre à New York
un couple, dont la femme,
Sophie, est une rescapée
des camps de concentration.
Elle lui confie son
secret : arrivée au camp,
on l'a forcée à choisir
entre ses deux enfants.
L'un serait tué tout de
suite, tandis que l'autre
aurait la vie sauve. Cette histoire tragique pose le problème
moral du dilemme : que dit le devoir dans de telles situations ? Comment vivre avec la culpabilité ?
Le zoom est accessible dans la version Premium.
À lire
Jean-Cassien Billier, Introduction à l'éthique, 2010
L'ouvrage traite des grandes questions éthiques et des
enjeux politiques et sociaux qu'elles soulèvent. Par
exemple, l'auteur confronte l'éthique des principes et
l'éthique des conséquences.
Jean Anouilh, Antigone, 1944
Cette pièce de théâtre est inspirée de la pièce éponyme de
Sophocle. Antigone brave la loi de la cité pour donner une
sépulture à son frère, estimant que c'est son devoir moral.