Philosophie Terminale

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SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
Ch. 5
La vérité
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
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Annexes
Chapitre 16
Réflexion 2

Peut‑on être libre dans une société inégalitaire ?

17 professeurs ont participé à cette page
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Texte 5
Garantir à tous la même liberté

La liberté n'est réelle que dans la mesure où tous les membres d'une société en bénéficient. L'effort, qui consiste à permettre à tous l'accès au pouvoir, est la condition d'une liberté pleine et entière. Cette liberté ne peut pas consister en une délégation du pouvoir. Ainsi Cicéron déclare‑t‑il : « La liberté ne consiste pas à vivre sous un maître juste, mais à n'en avoir aucun. »

 La liberté ne peut habiter dans aucun État sauf dans celui où le pouvoir suprême appartient au peuple. Il faut reconnaître qu'il n'existe pas de bien plus agréable et que, si elle n'est pas égale pour tous, ce n'est pas non plus la liberté. Or, comment la liberté pourrait‑elle être égale pour tous, je ne dis pas dans un royaume, où la servitude n'est même pas dissimulée et ne fait aucun doute, mais aussi dans les États où les citoyens ne sont libres qu'en paroles ? Ils déposent en effet leurs suffrages ; ils confient à ceux‑ci ou à ceux‑là les commandements militaires et les charges civiles […] ; ils ne prennent, en effet aucune part au pouvoir suprême, […] car ces privilèges sont répartis en proportion des l'ancienneté des familles ou de la fortune. Au contraire, dans un peuple vraiment libre, comme à Rhodes ou à Athènes, il n'est aucun citoyen qui soit exclu du pouvoir à cause de sa pauvreté ou de sa basse extraction.
Cicéron
La République, 54 av. J.-C., trad. E. Bréguet, Les Belles Lettres, 1989.
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Cicéron - Antiquité

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Repères

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Question

Que signifie n'être libre qu'en paroles ?
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Texte 6
Une égale liberté d'inégale valeur

L'individu moderne veut jouir d'une égale liberté (égalité des droits pour tous), mais veut aussi pouvoir bénéficier d'une inégale valeur de la liberté (se différencier par son mérite et son travail).

 La liberté et la valeur de la liberté sont distinguées de la façon suivante : la liberté est représentée par le système complet des libertés incluses dans l'égalité des citoyens, tandis que la valeur des libertés pour les personnes et les groupes, dépend de leur capacité à favoriser leurs fins dans le cadre défini par le systèmea. La liberté en tant qu'égale pour tous est la même pour tous ; et il n'est pas question de donner une compensation pour une liberté moindre. Mais la valeur de liberté n'est pas la même pour tous. Certains ont plus d'autorité et de fortune et donc des moyens plus importants pour mener à bien leurs objectifs.
John Rawls
Théorie de la justice, 1971, trad. C. Audard, © Éditions du Seuil, 1997.

Aide à la lecture

a. Les individus souhaitent, sur la base de l'égalité des chances, pouvoir poursuivre leurs intérêts propres.
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Rawls - XXe siècle

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Question

Quelles inégalités devons‑nous compenser pour être libres ?
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Texte 7
La pauvreté interdit l'accès à la liberté

S'approprier des choses augmente les possibilités d'action de celui qui en devient propriétaire et procure donc un sentiment de liberté. Toutefois, cette propriété prive les autres de leur utilisation et cette inégalité d'accès aboutit à un sentiment d'absence de liberté pour ces derniers.

Le propriétaire d'une chose quelconque, dit‑il [Robert Hale], possède tout d'abord un droit d'user de cette chose pour satisfaire ses besoins et ce droit augmente sa liberté, dans la mesure où il augmente sa capacité à résister aux pressions et aux contraintes personnelles que les autres pourraient lui faire subir s'il devait s'adresser à eux pour obtenir ce qui lui est nécessairea. Si son droit de propriété possède une extension suffisante, il le met par exemple en état de refuser d'occuper un emploi qui lui déplaît ou d'accepter un salaire très faible. Mais outre le droit d'user de ce qu'il possède, le propriétaire a aussi le droit de négocier ce qui lui appartient et de le vendre sur le marché, donc de se procurer un revenu qui, à son tour, lui donne accès à des biens de consommation. Le droit de propriété lui confère donc, en second lieu, une liberté de résister aux forces impersonnelles du marché et de lever les obstacles qui s'interposent, en raison même du droit de propriété des tiers, entre ses besoins ou ses désirs et les choses qui appartiennent à autrui.

 Inversement, le non‑propriétaire doit subir deux séries de contraintes : les premières sont liées au droit de propriété des tiers sur les objets dont il a besoin ; leur accès lui est interdit et il doit en passer par leurs conditions pour lever cet interdit, ce qui l'assujettit à des pressions et à des forces d'autant plus grandes qu'il est plus démuni et que les objets possédés par les tiers lui sont plus nécessaires ; les secondes l'exposent aux forces impersonnelles du marché sous la forme d'une absence de revenu monétaire. Ceci permet, au passage, de comprendre pourquoi la pauvreté est synonyme de non liberté et pas seulement de manque de moyens d'exercer la liberté.
Jean-Fabien Spitz
L'État social et le dilemme de l'égalité et de la liberté, 2012, Le Philosophoire (n° 37), 2012.

Aide à la lecture

a. L'avocat et économiste américain, Robert Lee Hale, est partisan du réalisme juridique. On désigne par là le courant de ceux qui cherchent à décrire le droit tel qu'il est réellement, au lieu de viser un idéal peutêtre inatteignable.
b. Ces forces impersonnelles ne sont pas des volontés identifiées qui chercheraient à nuire : il s'agit des cours de la bourse, du système des prix, de la hauteur des salaires, etc.
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Placeholder pour Jean-Fabien SpitzJean-Fabien Spitz
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Spitz - XXe siècle

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Repères

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Question

En quoi les facteurs économiques peuvent‑ils conditionner notre liberté ?
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Placeholder pour Sans-abri mendiant à Glasgow.Sans-abri mendiant à Glasgow.
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Sans-abri mendiant à Glasgow.
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Activité

Organisez un plan de dissertation à propos du sujet : « être pauvre, est‑ce être privé de liberté ? » Vous veillerez à utiliser le texte 5, le texte 6 et le texte 7 pour aborder une réflexion sur le sens et les implications de la pauvreté. Vous vous poserez les questions suivantes : la pauvreté est‑elle relative ? Peut‑on faire le choix de vivre avec peu ? La liberté est‑elle à entendre en fait ou en droit ? La liberté de propriété des uns entre‑t‑elle en conflit avec la liberté des autres ?
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Texte 8
La liberté passe par l'émancipation des femmes

Olympe de Gouges a vécu pendant la période tourmentée de la Révolution française. Elle s'est engagée pour lutter contre la pauvreté et pour les droits des femmes. Elle a rédigé la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne pour faire réfléchir à la condition des femmes, qui ne pouvaient à cette époque ni voter, ni décider de leur emploi, ni disposer d'un compte en banque.

 Article premier. – La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

 Article 2 – Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l'homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l'oppression.

 Article 3 – Le principe de souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la femme et de l'homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

 Article 4 – La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. […]

 Article 10 – Nul ne doit être inquiété pour ses opinfilledions, mêmes fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi.

POSTAMBULE.

 Femme, réveille‑toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensongesa. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez‑vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste‑t‑il donc ? La conviction des injustices de l'hommeb. […] Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. Passons maintenant à l'effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; et puisqu'il est question, en ce moment, d'une éducation nationale, voyons si nos sages législateurs penseront sainement sur l'éducation des femmesc. […]

Une main divine semble répandre partout l'apanage de l'homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénère en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c'est elle surtout qui doit renfermer l'Assemblée nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justiced. Puisse‑t‑elle agir de même pour l'État de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l'a été sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinfilledion serait encore de raccommoder le pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif, car il me semble que l'un est tout, et que l'autre n'est rien ; d'où naîtra, malheureusement peut‑être, la perte de l'Empire français. Je considère ces deux pouvoirs, comme l'homme et la femme qui doivent être unis, mais égaux en force et en vertu, pour faire un bon ménagee.
Olympe de Gouges
Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, 1791.

Aide à la lecture

a. Le fanatisme renvoie à des croyances irrationnelles, défendues avec violence, sur le fondement de préjugés.
b. La raison est ici convoquée pour faire barrage à la superstition et aux croyances.
c. Olympe de Gouges souligne le moyen de rendre les femmes libres : l'éducation nationale.
d. L'émancipation consiste à lutter pour regagner le pouvoir que les hommes ont usurpé.
e. La révolution politique, destinée à rendre égaux et libres les citoyens, doit aussi se produire dans les foyers, qui sont une société en miniature.
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La Monarchie, tenant les chaînes brisées de la Tyrannie, et le génie de la Nation, tenant le sceptre du Pouvoir, entourent la déclaration.

Placeholder pour Jean-Jacques Le Barbier, Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen,
vers 1789, huile sur toileJean-Jacques Le Barbier, Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen,
vers 1789, huile sur toile
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Jean-Jacques Le Barbier, Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, vers 1789, huile sur toile, 71 × 56 cm (musée Carnavalet, Paris).
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Placeholder pour Olympe de GougesOlympe de Gouges
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Gouges - XVIIIe siècle

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Question

Est-il pertinent de distinguer les libertés des hommes et celles des femmes ?
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Repères

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Précision

Les Droits de la femme


La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne constitue le pendant exact de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen qui vient de voir le jour, lorsque Olympe de Gouges propose de la parachever. La liberté s'y définit avant tout comme une juste résistance à l'oppression.

Le rapport entre les hommes et les femmes est décrit au travers de termes politiques : en lieu et place de rapports tyranniques, c'est une communauté solidaire, égalitaire et unie qui doit se créer entre l'homme et la femme. Les femmes doivent participer pleinement à la souveraineté du peuple. Olympe de Gouges se place sous le patronage de la raison, invoquée pour apporter plus de justice et une liberté pleine et entière qui ne peut pas s'accommoder des inégalités de genre.

Sa démarche est d'autant plus nécessaire que, dans le contexte de la Révolution française, les droits de la femme ne sont pas reconnus. Les révolutionnaires ont accepté dans un premier temps que les femmes organisent des clubs de réflexion et soient présentes dans les mouvements de revendication, comme la marche sur Versailles. Mais cet espace de liberté est rapidement refermé, les femmes ne participent pas au suffrage pour la constitution de juin 1793 et les clubs féminins sont interdits le 30 octobre 1793.
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Activité

Comparez le texte d'Olympe de Gouges avec la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'Organisation des Nations unies en 1948.

• Son propos a‑t‑il été pris en compte ?
• Quels sont les articles que l'on pourrait amender ou ajouter ?
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