⬥ Nous ne connaissons qu’une seule œuvre de Lucrèce, son poème De natura rerum. Ce poème est divisé en six chants, les deux premiers portent sur la matière, les deux suivants sur l’âme humaine et les deux derniers sur l’univers. Nous y retrouvons les thèmes épicuriens : la crainte de la mort et la crainte des Dieux qui ne peuvent être contrecarrées que par la théorie de l’atomisme. En effet, Épicure comme Lucrèce après lui, affirme que tout est matière, composé d’atomes et lorsque nous mourons, notre âme comme notre corps se disperse. Il n’y a donc pas lieu d’avoir peur de la mort puisque nous ne la vivrons pas, et pas de raison de craindre les châtiments des dieux, puisque lorsque nous sommes morts, nous ne pouvons absolument rien ressentir ni rien penser et donc nous ne pouvons pas nous rendre compte de nos souffrances, s’il y a souffrances infligées par les dieux. Comme nous ne pouvons pas en avoir conscience ni rien ressentir, ces souffrances, même si elles existent, ne peuvent nous concerner en rien. Lucrèce défend donc une position matérialiste de l’âme. De la même façon, toujours en suivant la pensée d’Épicure, il affirme que l’univers est composé d’atomes, qu’il a un commencement et qu’il évolue et enfin que le vide existe. Cette conception d’un univers purement matériel dont les causes finales sont absentes et où règne le hasard permet une lutte radicale contre les superstitions religieuses. Par ailleurs, il élabore une théorie de la civilisation, qui ne serait pas issue de la volonté des dieux, mais qui aurait été créée par les rois. Lorsque ces derniers ont été tués, c’est la violence qui leur a succédé, puis les lois et les institutions républicaines ont été instaurées pour permettre aux hommes de vivre ensemble et de conjurer la violence. C’est pourquoi il faut les préserver.
⬥ La philosophie de Lucrèce parle du malheur, non pour s’y complaire, mais pour le connaître. Il faut accepter la mort, c’est un fait de nature. Pour être heureux, il s’agit alors de renoncer aux consolations illusoires et aux superstitions religieuses. Il n’existe pas de dieux protecteurs ni de survie après la mort ; une fois que nous avons compris et accepté cela, la sérénité peut trouver sa place grâce à la raison.