Parmi les étants, les uns sont par nature, les autres sont dus à d'autres causes. Sont par nature les animaux et leurs parties, les plantes et les corps simples comme la terre, le feu, l'air et l'eau ; ce sont ceux‑là et ceux de cette sorte que nous disons être par nature, et tous ils se distinguent manifestement des choses qui ne sont pas constituées par nature. En effet, les étants par nature ont tous manifestement en eux‑mêmes un principe de mouvement et de repos, les uns selon le lieu, les autres selon la croissance et la décroissance, les autres encore selon l'altération, tandis qu'un lit, un manteau et toute autre chose de ce type, en tant qu'ils ont reçu chacun leur attribution et dans la mesure où ils sont produits par l'art, n'ont aucune tendance innée au changement, mais en tant qu'il leur arrive d'être en pierre, en terre ou en un mélange des deux, ont cette tendance innée, seulement dans cette mesure, du fait que la nature est un principe et une cause du mouvement et du repos pour ce dans quoi elle se trouve en premier, par soi et non par accident […]. Il en va de même pour chacune des autres choses produites, car aucune d'elles ne possède le principe de sa production en elle‑même mais les unes dans d'autres choses et à l'extérieur, comme une maison et chacune des autres productions manuelles, les autres en elles‑mêmes mais non par elles‑mêmes, toutes celles qui peuvent être causes par accident pour elles‑mêmes. […]
La nature se dit donc, d'une part, comme la matière première qui est sujet pour chacun des étants possédant en eux‑mêmes un principe de mouvement et de changement, et d'une autre façon, c'est la forme essentielle suivant l'énoncé. En effet, de même qu'on appelle art ce qui résulte de l'art et ce qui est artisanal, de même on appelle nature ce qui résulte de la nature et ce qui est naturel.