En général l'histoire ne commence qu'au point où finit la tradition, au moment où s'éteint ou se
décompose la mémoire sociale. Tant qu'un souvenir subsiste, il est inutile de le fixer par écrit, ni même
de le fixer purement et simplement. [...] Si la condition nécessaire, pour qu'il y ait mémoire, est que le
sujet qui se souvient, individu ou groupe, ait le sentiment qu'il remonte à ses souvenirs d'un mouvement
continu, comment l'histoire serait-elle une mémoire, puisqu'il y a solution de continuité entre la société
qui lit cette histoire, et les groupes témoins ou acteurs, autrefois, des événements qui y sont rapportés ?
Maurice Halbwachs
La Mémoire collective, 1950.