Nietzsche clarifie le concept de « santé ». Celle-ci n'est pas le contraire de la maladie. La santé n'est pas un état figé ; il s'agit, selon Nietzsche, d'un processus de dépassement, qui n'exclut pas la maladie. La santé est une façon de répondre à la maladie, et non l'état d'un corps qui serait à l'abri de toute maladie.
Chercher à éradiquer la maladie, selon Nietzsche, est un non-sens ; il énonce d'ailleurs dans le livre V « une santé que l'on ne se contente pas d'avoir, mais que l'on conquiert encore et doit conquérir continuellement ». La santé n'est donc pas conçue comme une norme du corps que l'on dirait « sain ». Il n'y a pas un seul modèle de santé, mais plusieurs « santés », propres à différents corps. Nietzsche considère qu'il n'y a pas de santé « en soi » : « il importe de connaître ton but, ton horizon, tes forces, tes impulsions, tes erreurs et surtout l'idéal et les fantômes de ton âme pour déterminer ce que signifie la santé, même pour ton corps. Il existe donc d'innombrables santés du corps ». Ibid.
Ici, nous pouvons envisager la lecture d'un extrait de l'ouvrage Le Normal et le pathologique, de George Canguilhem, pour travailler la notion de maladie, et l'impossibilité de s'appuyer sur le seul écart à une norme supposée ou statistique pour déclarer un patient malade.