⬥ Emmanuel Levinas naît à Kovno en Lituanie dans une famille aisée et cultivée. En 1914, la famille s’installe en Ukraine pour fuir l’avancée de l’armée allemande avant de retourner à Kovno en 1920, où Levinas étudie au lycée juif. Il reçoit une éducation juive traditionnelle et s’exerce à l’interprétation des textes bibliques, tout en se passionnant pour la littérature européenne, notamment russe, langue qu’il maîtrise parfaitement. Il quitte la Lituanie en 1923 pour étudier la philosophie à Strasbourg, où il rencontre Maurice Blanchot avec qui il se noue d’amitié et entretient des rapports d’influence réciproque. Il découvre, lors de ses études, Bergson et la phénoménologie allemande, notamment Husserl, à qui il consacre sa thèse, soutenue en 1930 et dont il contribue à diffuser la pensée en France, notamment par sa traduction des Méditations cartésiennes. En 1928, il s’installe à Fribourg-en-Brisgau, où il est l’élève de Husserl et Heidegger. Il est naturalisé français en 1930. En 1935, il se marie avec la fille de ses anciens voisin en Lituanie, Raïssa Lévi, avec qui il aura trois enfants.
⬥ En 1939, il est mobilisé pour servir d’interprète de l’armée pour le russe. Il est fait prisonnier de guerre et séjourne pendant cinq ans dans deux camps, d’abord à Rennes, puis en Allemagne. Il y rédige De l’existence à l’existant qui paraîtra en 1947, ainsi que les Carnets de captivité, publiés de manière posthume en 2009. Après avoir travaillé pour l’Alliance israélite universelle et étudié le Talmud, il publie sa thèse d’État Totalité et infini : Essai sur l’extériorité en 1961 et débute une carrière à l’université française, d’abord à Poitiers, puis à Nanterre et enfin à la Sorbonne, où il prendra sa retraite en 1976. Il poursuit son activité philosophique jusqu’à sa mort en 1995.