Français 3e - 2021

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Chapitre 2
Texte et image

La descente aux enfers

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Texte 1
« Si nous avions pu imaginer ce qui nous attendait »

Simone Veil est arrêtée le 30 mars 1944 en possession d'une fausse carte d'identité. Sa mère, sa sœur Milou et son frère Jean sont également arrêtés. Le 7 avril, tous les quatre sont conduits au camp d'internement de Drancy, en région parisienne. Moins d'une semaine plus tard, les trois femmes sont poussées dans un train dont la destination leur est inconnue ; elles laissent Jean à Drancy : elles ne le reverront jamais.

Le 13 avril, nous avons été embarquées à cinq heures du matin, pour une nouvelle étape dans cette descente aux enfers qui semblait sans fin. Des autobus nous ont conduits à la gare de Bobigny, où l'on nous a fait monter dans des wagons à bestiaux formant un convoi aussitôt parti vers l'Est. Comme il ne faisait ni trop froid ni trop chaud, le cauchemar n'a pas tourné au drame, et dans le wagon où nous nous trouvions toutes les trois personne n'est mort au cours du voyage. Nous étions cependant effroyablement serrés, une soixantaine d'hommes, de femmes, d'enfants, de personnes âgées, mais pas de malades. Tout le monde se poussait pour gagner un peu de place. Il fallait se relayer pour s'asseoir ou s'allonger un peu. Il n'y avait pas de soldats au-dessus des wagons. La surveillance du convoi était seulement assurée par des SS dans chaque gare où il s'arrêtait. Ils longeaient alors les wagons pour prévenir que, si quelqu'un tentait de s'évader, tous les occupants du wagon seraient fusillés. Notre soumission donne la mesure de notre ignorance. Si nous avions pu imaginer ce qui nous attendait, nous aurions supplié les jeunesde prendre tous les risques pour sauter du train. Tout était préférable à ce que nous allions subir.

Le voyage a duré deux jours et demi, du 13 avril à l'aube au 15 au soir à Auschwitz-Birkenau1. C'est une des dates que je n'oublierai jamais, avec celle du 18 janvier 1945, jour où nous avons quitté Auschwitz, et celle du retour en France, le 23 mai 1945. Elles constituent les points de repère de ma vie. Je peux oublier beaucoup de choses, mais pas ces dates. Elles demeurent attachées à mon être le plus profond, comme le tatouage du numéro 78651 sur la peau de mon bras gauche2. À tout jamais, elles sont les traces indélébiles de ce que j'ai vécu.
Simone Veil
Une jeunesse au temps de la Shoah, chapitre II : « La nasse » © Stock, 2007.
1. Auschwitz est à plus de 1 500 km de Bobigny et Drancy.
2. À Auschwitz, les hommes et les femmes qui n'étaient pas tués à la descente du convoi étaient tatoués d'un numéro matricule.
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Texte 2
« Nous ne comprenions pas »

À peine arrivées à Auschwitz-Birkenau, les femmes sont triées. En choisissant de mentir sur son état de fatigue et sur son âge (elle dit qu'elle a 18 ans), Simone gagne sa place dans la « bonne file ». Néanmoins, l'horreur et la peur sont déjà partout.

Nous avons marché avec les autres femmes, celles de la « bonne file », jusqu'à un bâtiment éloigné, en béton, muni d'une seule fenêtre, où nous attendaient les « kapos » ; des brutes, même si c'étaient des déportées comme nous, et pas des SS. Elles hurlaient leurs ordres avec une telle agressivité que tout de suite, nous nous sommes demandé : « Qu'est-ce qui se passe ici ? » Elles nous pressaient sans ménagement : « Donnez-nous tout ce que vous avez, parce que de toute façon, vous ne garderez rien. » Nous avons tout donné, bijoux, montres, alliances. Avec nous se trouvait une amie de Nice arrêtée le même jour que moi. Elle conservait sur elle un petit flacon de parfum de Lanvin. Elle m'a dit : « On va nous le prendre. Mais moi je ne veux pas le donner, mon parfum. » Alors, à trois ou quatre filles, nous nous sommes aspergées de parfum ; notre dernier geste d'adolescentes coquettes.

Après cela, plus rien, pendant des heures, pas un mot, pas un mouvement jusqu'à la fin de la nuit, entassées dans le bâtiment. Celles qui avaient été séparées des leurs commençaient à s'inquiéter, se demandant où étaient passés leurs parents ou leurs enfants. Je me souviens qu'aux questions que certaines posaient les kapos montraient par la fenêtre la cheminée des crématoires1 et la fumée qui s'en échappait. Nous ne comprenions pas ; nous ne pouvions pas comprendre. Ce qui était en train de se produire à quelques dizaines de mètres de nous était si inimaginable que notre esprit était incapable de l'admettre. Dehors, la cheminée des crématoires fumait sans cesse. Une odeur épouvantable se répandait partout.
Simone Veil
Une jeunesse au temps de la Shoah, chapitre III : « L'enfer » © Stock, 2007.
1. Lieux où sont brûlés les cadavres.
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Supplément numérique

Retrouvez de « Nuit et brouillard », une chanson de Jean Ferrat.
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Doc 1

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Ceija Stojka, Sans titre, sans date, acrylique sur carton, 50 × 70 cm (collection Hojda and Nuna Stojka, Vienne, Autriche).
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Doc 2

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Alessandro Lonati, série de dessins sur la Solution finale.
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Questions

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Compréhension

1. Texte 1
a. Quelles sont les étapes du long voyage que fait Simone Veil ?

b. Pourquoi la date d'arrivée est-elle importante ?

2. Texte 1 et Texte 2
Quel passage du texte 2 peut correspondre à la formule « si nous avions pu imaginer ce qui nous attendait » (l. 14-15) du texte 1 ?
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Lexique

Indélébiles
Comment cet adjectif (l. 27-28) est-il composé ?
Quelle est son étymologie ?
Trouvez deux synonymes de ce mot.
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Analyse et interprétation

3. Texte 1 et Texte 2 Relevez les éléments qui associent ce que vivent les déporté(e)s à une descente aux enfers.

4. Texte 2 Par quels moyens Simone Veil montre-telle l'incompréhension des déporté(e)s arrivé(e)s à Auschwitz ?

5. Texte 2 Justifiez l'utilisation des guillemets par l'autrice autour de la « bonne file » (l. 1).

6. Texte 1 et Texte 2 a. Qu'est-ce qui, dans les deux textes, montre le mieux le caractère indélébile de l'arrivée à Auschwitz ?

b. Quel passage du texte 2 s'oppose à ces actes indélébiles ? Pourquoi l'autrice a-t-elle raconté cet épisode qui semble anecdotique ?

7. Image 1 et Image 2 Quels liens pouvez-vous établir entre les images et les textes ?
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