Français 4e - 2022

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Texte intégral

« Dis, pourquoi c'est un méchant, le monsieur ? »

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Le soleil était bon, ce jour-là. Un beau soleil de printemps. Il avait mangé une part de pizza, achetée à un marchand ambulant près de la plage, et il s'était assoupi en réfléchissant aux moyens de faire venir sa famille.
Il ne savait comment s'y prendre, Osman. Lui, il était entré clandestinement en France, par la frontière italienne. À travers les montagnes. Il avait payé, très cher, un passeur1, qui l'avait abandonné en cours de route. Il en avait payé un second, à Vintimille2. Un honnête homme celui-là. Un vieux paysan. Mais il ne voyait pas Aysel et Gülnur suivre la même route. Une nuit complète de marche dans des sentiers difficiles, et, pour finir, un chemin muletier qui grimpait dans une gorge sombre jusqu'à une coulée de pierraille3.
Non. Il rêvait du train pour eux, et d'un visa touristique. Mais est-ce qu'on pouvait avoir droit à un visa touristique pour venir voir quelqu'un qui n'avait même pas de carte de séjour ? Il faudrait qu'il aille se renseigner dans une association qui s'occupait d'eux, les sans-papiers. Et demander comment il pouvait faire, pour Aysel et Gülnur.
Il ouvrit les yeux, et il aperçut Jocelyne et les enfants qui arrivaient. Un homme les accompagnait. Du doigt, elle désigna le banc. Et Osman. Ils vinrent dans sa direction. Jocelyne ne lui adressa pas de sourire quand ils arrivèrent devant lui.
– ‘Jour, fit Antonin.
– Emmène les enfants, dit l'homme à Jocelyne.
– Il n'a rien fait, Georges, répondit Jocelyne. Timidement.
– Va te promener, j'ai dit !
Jocelyne s'éloigna, les yeux baissés sur le landau qu'elle poussa rageusement devant elle. Marius et Antonin la suivirent, la tête tournée vers Osman.
Osman s'était levé.
– J'suis le mari.
– Bonjour, dit Osman, en tendant sa main.
Le regard de Georges était de ceux qu'Osman n'aimait pas. Il n'y avait pas de place pour lui dans ce regard. Ni dans la vie, ni même sur un banc dans un parc.
La main d'Osman resta dans le vide.
– T'aimes les enfants, y paraît.
– Oui, monsieur. Et les vôtres, ils sont beaucoup beaux.
– Salaud ! cria Georges.
Et il remonta vivement son genou dans les couilles d'Osman.
La douleur le plia en deux. Un coup de poing le redressa. Il s'effondra sur le sol. Il haletait. Comme dans le col avec le passeur. [...]
Un coup de pied dans les côtes le souleva, Osman. Il fit sombre autour de lui. Des gens l'entouraient. Il eut envie de sourire. De dire bonjour. De s'excuser. Une erreur, c'était une erreur. Il était désolé de troubler le calme du parc.
– Y fait chier mes mômes, dit Georges, en lui balançant un autre coup de pied.
– Je l'ai vu faire, dit une voix de femme.
– ‘Sont tous rien que des pédophiles, ces putains de bougnoules4.
Les yeux fermés, Osman chercha désespérément une image de Gülnur. La seule qui lui vint fut celle d'Antonin. Il lui souriait.
– Antonin, il murmura.
Il fut soudain au-delà de la douleur. Les coups de pied s'abattirent sur tout son corps. Tout le monde sembla s'y mettre. S'acharna sur lui. Le dernier coup lui sembla être le dernier. Mais il ne put le vérifier. Sa rate venait d'exploser.
Il n'entendit pas non plus Antonin demander à Jocelyne :
– Dis, pourquoi c'est un méchant, le monsieur ?
Jean-Claude Izzo
« Faux printemps », Vivre fatigue, © Flammarion, 1998.

1. Personne qui fait passer des migrants d'un pays à un autre.
2. Ville italienne à la frontière avec la France.
3. Petites pierres.
4. Insulte raciste désignant les Maghrébins. On pourra d'ailleurs noter qu'Osman n'est pas maghrébin, mais turc.

Lecture du texte

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Jean-Claude Izzo

(1945-2000)
Jean-Claude Izzo est un romancier, poète et journaliste français. Il est l'auteur de polars engagés (Total Khéops, 1995 ; Chourmo, 1996 ; Soléa, 1998) et de textes sur le déracinement (Les Marins perdus, 1997).
Placeholder pour Portrait photographique de Jean-Claude Izzo, écrivain français. Homme mûr aux cheveux gris, lunettes et moustache.Portrait photographique de Jean-Claude Izzo, écrivain français. Homme mûr aux cheveux gris, lunettes et moustache.
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Écoute

Que pouvez-vous dire sur le personnage de Jocelyne dans cette deuxième partie du texte ? Que sous-entend le narrateur au sujet de sa relation avec son mari, Georges ?
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Placeholder pour Peinture d'Augusta Oelschig, Lynchage: scène violente sous un ciel sombre. Plusieurs personnages participent à un lynchage brutal.Peinture d'Augusta Oelschig, Lynchage: scène violente sous un ciel sombre. Plusieurs personnages participent à un lynchage brutal.
Augusta Oelschig, Lynchage, non daté, gouache sur papier, 49,5 × 61 cm (Morris Museum of Art, Augusta, États-Unis).
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Questions

Compréhension

1. Identifiez les deux parties de cet extrait et résumez chacune d'elles.
2. Qu'est-ce qui pousse les agresseurs d'Osman à s'en prendre à lui ?

Analyse et interprétation

3. a) Quel est le niveau de langue de la discussion entre Osman et Georges ? Justifiez avec au moins trois citations.
3. b) Ce niveau de langue a-t-il la même signification selon le locuteur (Georges ou Osman) ?
4. a) Comment Osman réagit-il à la violence dont il est victime ?
4. b) En quoi cela accentue-t-il le pathétique de la scène ?
5. Montrez que, même s'il intervient peu, Antonin est un personnage essentiel dans cet extrait.
6. Image a) Par quels moyens la peintre amplifie-t-elle le sentiment de violence qui se dégage du tableau ?
6. Image b) Quelle phrase du texte vous semble le mieux correspondre à ce sentiment de violence ?

Langue

7. Quel type de phrase Georges emploie-t-il quand il s'adresse à sa femme ? Justifiez en précisant le mode des verbes et sa valeur.

Écriture

8. Sujet 1 • Jocelyne décide d'écrire à une association contre le racisme pour signaler l'agression. Elle explique comment elle a rencontré Osman, ce qu'elle sait de lui et quelles sont ses valeurs. Puis elle raconte la violence qu'il a subie et décrit l'effet que cet événement a eu sur ses enfants qui ont assisté à la scène. Écrivez cette lettre. (30 lignes)
Sujet 2 • Jocelyne et Georges échangent sur ce qui vient de se passer et chacun appuie ses propos sur des valeurs. Georges prend peu à peu conscience de la gravité de ses actes et de leurs conséquences, autant pour Osman que pour lui et sa famille. (30 lignes)
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