Entre 1880 et 1881, le gouvernement décide la
création des futures écoles nationales professionnelles.
En 1883, est posée la première pierre de
l'école de Vierzon.
Ennoblir le travail manuel, messieurs, nous le
voulons aussi ; ce vœu, nous l'avons transcrit en
grandes lettres dans nos programmes. [...] Et pour
que la noblesse du travail manuel soit reconnue non
seulement de ceux qui l'exercent, mais de la société
toute entière, on a pris le moyen le plus sûr [...] on a
placé le travail manuel dans l'école même ! Croyez‑le
bien ; lorsque le rabot et la lime auront pris, à côté
du compas, de la carte géographique et du livre
d'histoire, la même place, la place d'honneur [...],
bien des préjugés disparaîtront, bien des oppositions
de castes s'évanouiront, la paix sociale se préparera
sur les bancs de l'école primaire [...].
Messieurs, l'enseignement professionnel qui
sera donné ici aura pour caractère distinctif de ne
point constituer un enseignement spécial pour une
industrie quelconque : il sera professionnel sans
spécialité ; il distribuera les principes généraux sur
lesquels reposent toutes les industries ; il associera,
par exemple, les notions qui président à l'industrie
du fer à celles qui dirigent l'industrie du bois. Pendant
les trois ans que les jeunes élèves de Vierzon
passeront à l'école professionnelle, entre la douzième
et la seizième année [...], ils deviendront experts dans
ces deux branches fondamentales du travail manuel,
le travail du fer et le travail du bois.
Et quelle sera la conséquence de cette éducation
professionnelle générale, qui ne lui donnera
pas encore un métier, mais qui le rendra capable
d'apprendre beaucoup plus vite et beaucoup mieux
celui qu'il lui plaira de choisir ?
Cette conséquence sera double : d'abord il est
évident que la durée de l'apprentissage lui‑même
sera singulièrement réduite, ce qui est un avantage
considérable, et, en second lieu, pendant ces trois
ans d'études, l'enfant aura le temps de faire ce qu'il
ne peut pas faire aujourd'hui, de choisir librement et
en connaissance de cause la carrière qui lui convient,
de déterminer sa vocation.