Français 4e - 2022

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Questionnement 1 : Dire l'amour
Ch. 1
Comment dire les nuances de l'amour ?
Ch. 2
Roméo et Juliette : une histoire d’amour mythique ?
Questionnement 2 : Individu et société : confrontations de valeurs ?
Ch. 3
Des valeurs en confrontation ?
Ch. 4
Le Cid entre amour, honneur et devoir ?
Ch. 5
Les Misérables : un roman réaliste ?
Questionnement 3 : La fiction pour interroger le réel
Ch. 6
« Un parricide » : le récit d’un drame social ?
Ch. 7
« Magie » : un récit aux frontières du réel ?
Questionnement 4 : Informer, s’informer, déformer ?
Ch. 8
Comment mieux informer et s’informer ?
Questionnement complémentaire : La ville, lieu de tous les possibles ?
Ch. 10
Comment la science-fiction imagine-t-elle la ville ?
Étude de la langue
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Ch. 12
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Chapitre 9
Texte et image 5

« Ce tumultueux vacarme »

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En raison de la pandémie de COVID-19, les habitants de Lagos sont confinés. Accablée par le silence qui règne dans la ville, Sophie Bouillon se souvient des bruits de la capitale.

Les Nigérians vénèrent le bruit, ils s'assomment de bruit. C'est leur drogue, leur oxygène, leur anxiolytique1. Le calme et la douceur n'ont pas leur place tant que bat le cœur et que tambourine l'estomac. Le silence renvoie à la paresse et à la mort. Et moi aussi, désormais, je voulais à tout prix retrouver ce boucan incessant et rassurant, celui qui m'avait si souvent insupportée, que j'avais tant de fois souhaité voir disparaître.
Allongée sur ma terrasse, dans l'obscurité la plus totale, je me suis mise à rêver de bruits pour me raccrocher à la normalité. Au monde d'avant. J'entendais alors monter le bourdonnement lancinant des énormes groupes électrogènes2. Ce bruit constant, abrutissant, peut durer des jours et des nuits entières si l'approvisionnement public en électricité est interrompu. C'est la basse continue de la ville, sur laquelle vient s'agréger3 tout le reste.
Chaque matin, les chants stridents du coq et les appels du muezzin4 retentissent partout dans Lagos, pour rappeler à ses habitants que le court repos de la nuit a pris fin et que le labeur va bientôt reprendre ses droits. Presque aussitôt, le son métallique des portails d'immeubles claque dans les airs. Les premières voitures commencent à s'agglutiner sur Awolowo Road, jusqu'à former de longs bouchons et un tapis sonore uniforme. L'intensité des coups de klaxon ira croissant tout au long de la journée, proportionnellement à la montée de la colère et de la frustration des automobilistes. Personne n'applique les règles du Code de la route à Lagos. On s'en tient à la loi du plus fort. Les camions ont la priorité sur les 4x4. Les 4x4 sur les berlines, les berlines sur les kékés5, les kékés sur les motos. Le piéton, lui, n'a plus qu'à prendre ses jambes à son cou et hurler contre les chauffards irrespectueux pour espérer sauver sa peau. S'ajoutent à ce tumultueux vacarme les sirènes des voitures d'escort6 privées, pickups rutilants7 remplis d'hommes en armes engagés pour protéger les riches et les puissants. Leur convoi militarisé force les embouteillages et menace les plus récalcitrants8 avec leurs fusils d'assaut et leurs kalachnikovs9. Sur les trottoirs, la foule s'arrête quelques instants et les passants, agacés, tchipent10 de longues secondes, avec un air de dédain aussi profond que le son de l'air filtrant entre leurs dents.
« Look at dis idiots. »
Regarde-moi donc ces imbéciles.
« If I no go thief, I no go fear. »
S'ils ne volaient pas tout leur argent, ils n'auraient pas si peur.
Puis tout le monde se remet aussitôt au travail. Chacun rêvant secrètement de vivre un jour aussi derrière des vitres teintées.
Sophie Bouillon
Manuwa Street, © Premier Parallèle, 2021.

1. Médicament contre l'anxiété.
2. Machines qui produisent de l'énergie électrique à partir de carburant.
3. S'associer.
4. Officiant musulman qui appelle à la prière depuis une mosquée.
5. Tricycles à moteur.
6. Accompagnement de protection.
7. Étincelants.
8. Ceux qui ne veulent pas se soumettre, qui résistent.
9. Fusils automatiques russes.
10. Expriment leur désapprobation en faisant un bruit de succion avec leur bouche.

Lecture du texte

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Sophie Bouillon

 (née en 1984)
Sophie Bouillon est journaliste et écrivaine. Directrice adjointe de l'Agence France Presse à Lagos (Nigéria), elle est la plus jeune lauréate du Prix Albert-Londres (2009) – prix qui distingue chaque année le meilleur article de presse francophone.
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Suppléments numériques

Découvrez deux textes sur une autre ville animée et bruyante : Marseille, dans les années 1930.

À la corne des quais, celui du nord vers la mairie, front des rues chaudes, et lui faisant face, au sud, celui de Rive Neuve, gens de mer et de commerce se croisent en tous sens. Les trois flots se séparent devant la stupide église Saint-Ferréol : armoire à bonnets de coton, rien n'y manque après tout que la glace. Les marins, les commis, les poissonnières ont l'air de courir ; les vieux bateliers et les filles en cheveux se balancent lentement, dans la lueur rouge du couchant et sa frange brûlée d'or.
Un désordre énorme qui finit par être une sorte d'ordre impromptu. L'encombrement des voitures ressemble à une mêlée. Le charroi est une bataille où chaque cocher a sa tactique : l'attelage est lancé sur l'ennemi. Les tombereaux antiques, en forme de tombes évasées, en poupe sur l'arrière, roulent à vide ; et le charretier dans son char de guerre, avalé jusqu'au milieu de la poitrine par la caisse profonde, la mèche du fouet autour du cou, le manche pendant de l'épaule sur le flanc, a toute la fierté du héros homérique. Gris pommelés, croupes monumentales, la queue faisant sillon entre les hémisphères des fesses, les magnifiques percherons qui traînent les barriques de vin, se placent en travers des rails. Chaque auto cherche à doubler l'autre ; chacune prend à son gré la gauche ou la droite. On ne sait comment toutes ces voitures ne se télescopent pas, comment les brancards n'entrent pas dans les roues, et comment toutes ensemble ne se fracassent pas entre les longues charrettes et les camions énormes.
André Suarès
Marsiho, 1931.


Sur une petite place, la foule se lance à l'assaut, des trams. On crie, on rit, on se démène. Les enfants piaillent ; des mères leur répondent avec frénésie. Deux bonnes vieilles, le châle en pointe dans le dos, ont peur et s'appellent en provençal. La douce brise de la mer caresse les cheveux des femmes et fait frissonner leurs jupes. Les commères bavardent en cherchant le marchepied ; et plus d'une continue de parler que personne n'écoute. Les voitures portent des grappes humaines, accrochées aux piliers de fer, pendues à la plaque d'arrière ; des hommes assis ou debout sur le degré, sur les moindres saillies. Il y en a qui visent le toit, avec l'idée d'y grimper. Ni ordre, ni rangs, ni souci du nombre ou d'une règle quelle qu'elle soit. Les receveurs n'y donnent plus la moindre attention. À peine un coup d'œil, et ils haussent les épaules. Ou bien, ils rient : « Hé, vaï ! c'est des gensses qui sont pressés. Bé ! qu'ils s'arrangent ! » Ils n'ont pas toujours été au service de la Compagnie ; ils ont été du public, ils ont voyagé ; eux aussi, pour leur compte. « Hé vaï ! » Quand la voiture s'ébranle, le conducteur à l'avant est coincé de si près entre les passagers, qu'il doit leur bourre quelques bons coups de coude pour manœuvrer le volant. D'ailleurs, sans aigreur ni réelle violence ; il est plutôt d'une patience un peu brutale, inaltérable et bien marseillaise toutefois. Si ce n'est celui de Paris, nul peuple n'est plus humain. On part. « Ha, ha ! » s'exclame-t-on sur les banquettes.
André Suarès
Marsiho, 1931.
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Embouteillage dans une rue commerçante à Lagos, Nigéria, 2019.
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Questionnement A

Compréhension

A-1. Quel sens (vue, odorat, etc.) est principalement utilisé dans cette description ?
A-2. Quelle impression générale a-t-on sur Lagos à la lecture de ce texte ?

Analyse et interprétation

A-3. Relevez le champ lexical du son et du bruit, en classant les mots selon leur classe grammaticale.
A-4. Comment les habitants de Lagos considèrent-ils le bruit selon Sophie Bouillon ?

A-5. Comment la manière dont la journaliste perçoit le bruit de la ville a-t-elle changé avec la pandémie ?

A-6. Montrez que le bruit n'est pas le seul sujet du texte.

Langue

A-7. Dans cette phrase, relevez une épithète, un complément du nom et une apposition, et précisez leur classe grammaticale.
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Questionnement B

Compréhension

B-1. Quelles caractéristiques de la ville de Lagos sont mises en avant dans cette description ?

Analyse et interprétation

B-2. Comment le bruit de la ville est-il décrit ? Relevez plusieurs caractéristiques et justifiez par des citations.

B-3. Montrez que l'autrice énonce des vérités générales.

B-4. De quoi a-t-elle pris conscience avec le confinement ?

B-5. En quoi ce texte comporte-t-il aussi une dimension politique ?

B-6. Expliquez la dernière phrase du texte.

Langue

B-7. a) Dans cette phrase, identifiez la proposition subordonnée et donnez sa fonction précise.

B-7. b) Dans cette phrase, identifiez les temps des verbes et justifiez leur emploi en indiquant leur valeur.
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Question commune
Rédigez la description d'un lieu de votre choix, particulièrement bruyant. Adoptez la première personne et le présent de l'indicatif, et utilisez des mots du champ lexical du bruit ainsi que quelques onomatopées. (20 lignes)
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