Le baron d’Holbach lui avait mené cet étranger [M. Clerk], et après les premiers compliments, et une visite d’une demi‑heure, il s’était levé pour s’en aller. M. Clerk, au lieu de suivre celui qui l’avait présenté, comme c’est l’usage dans une première visite, reste. M
me Geoffrin lui demande s’il va beaucoup aux spectacles ? « Rarement. – Aux promenades ? Très peu. – À la Cour, chez les princes ? – On ne saurait moins. – À quoi passez‑vous donc votre temps ? – Mais quand je me trouve bien dans une maison, je cause et je reste ». À ces mots M
me Geoffrin pâlit. Il était six heures du soir ; elle pense qu’à dix heures du soir M. Clerk se trouvera peut‑être encore bien dans sa maison. […] M
me Geoffrin ne put se débarrasser de notre Écossais, quelque changement qu’il survint successivement par l’arrivée et le départ des visites. Elle ne pense pas encore aujourd’hui de sang‑froid à cette journée ; et elle ne se coucha pas sans prendre ses mesures contre le danger d’une seconde visite.
Grimm et Meister, Correspondance littéraire, 1770.