Chez Peugeot, c'est la démission en 1964 de Jean‑Pierre Peugeot, malade, alors qu'aucun membre de la famille n'est prêt à lui succéder, qui marque le début du processus de dissociation de la propriété et de la direction : c'est à Maurice Jordan, son plus proche collaborateur, que revient la direction du groupe. Depuis, les dirigeants non familiaux (François Gautier, Jean‑Paul Parayre, Jacques Calvet, Jean‑Martin Folz, Christian Streiff, Philippe Varin) se sont succédé à la tête de PSA, alors que la famille domine le conseil de surveillance (en 2010, cinq membres de la famille y siégeaient, dont le président) d'où elle veille sur ses intérêts à long terme et sur la stratégie de l'entreprise. Les limites du pouvoir du PDG sont clairement définies par la famille Peugeot : « Chaque nouveau président du directoire s'interroge légitimement sur ses marges de manoeuvre. Une fois que nous lui accordons notre confiance, celle‑ci est totale dans la limite de deux principes intangibles : assurer la croissance du groupe et préserver son indépendance en excluant tout accord capitalistique. Sur ces questions, le président du directoire n'est pas seul maître après Dieu. »

  On observe le même processus de séparation de la propriété et de la direction dans nombre d'entreprises, notamment chez L'Oréal (depuis 1957), Publicis (1987) ou Hermès (2006). Du reste, cette séparation n'est pas nécessairement définitive.