À Érasme,
Salut empressé, au nom de Jésus‑Christ sauveur.
Georges d'Armagnac, très illustre évêque de Rodez, m'envoya dernièrement l'Histoire juive de Flavius Josèphe1 sur la prise de Jérusalem et me pria, au nom de notre vieille amitié, de vous la faire remettre à la première occasion, s'il advenait que je rencontrasse un homme de confiance qui allât où vous êtes. J'ai donc saisi avec empressement cette occasion, qui me permet, en outre, mon excellent père, de vous témoigner par quelque bon office, avec quels sentiments de piété filiale je vous honore. Mon père, ai-je dit ! Plus encore ! Je dirais : ma mère, si votre indulgence me le permettait. Car ce que nous voyons arriver chaque jour aux femmes qui nourrissent le fruit de leurs entrailles sans l'avoir jamais vu, et le protègent contre les intempéries de l'air, tout cela vous l'avez éprouvé aussi, vous qui, ne connaissant ni mon visage ni même mon nom, m'avez élevé et abreuvé aux chastes mamelles de votre divine science. Oui, tout ce que je suis, tout ce que je vaux, c'est de vous seul que je le tiens […]. Salut, salut encore, père chéri, père et honneur de la patrie, génie tutélaire des lettres, invincible champion de la vérité […].
siècle apr. J.‑C.