Il m’est arrivé ces temps derniers d’ouvrir un livre de chimie de mes jeunes nièces. Je n’y reconnais plus rien ; tout est changé : formules, lois, classification des corps, et leurs noms, et leur place dans le livre, et jusqu’à leurs propriétés… Moi qui les avais cru si fidèles ! Mes nièces s’amusent de mon désarroi ; mais, devant ces bouleversements, j’éprouve une secrète tristesse, comme lorsqu’on retrouve pères de famille d’anciens amis qu’on imaginait devoir toujours rester garçons.
A. Gide, Si le grain ne meurt, 1926. |
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