La France de 1974 à 1988, un tournant social, politique et culturel
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A
1974-1988 : les évolutions politiques
1
Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing
Élection serrée de Valéry Giscard d'Estaing, ancien ministre des Finances et de lʼÉconomie de Georges Pompidou, face à François Mitterrand (candidat de l'Union de la gauche) ⇒ « VGE » plus jeune président de la Ve République.
Projet libéral : veut répondre aux évolutions de la société ⇒ réformes sociales et culturelles mises en place par le Premier ministre Jacques Chirac (ex : majorité à 18 ans, choix de plusieurs femmes ministres), contre la majorité de droite conservatrice.
Puis tournant de la rigueur après les deux chocs pétroliers et la crise ⇒ politique d'austérité menée par le nouveau Premier ministre Raymond Barre (ex : gel des salaires, augmentation des impôts, création du CDD) ⇒ impopularité croissante.
Fin de septennat difficile : scandales politiques (diamants de Bokassa), mobilisations citoyennes (lutte du Larzac) et divisions de la droite entre RPR (droite gaulliste) et UDF (droite non gaulliste + centristes) ⇒ Giscard d'Estaing perd les élections présidentielles face à François Mitterrand.
2
Le premier septennat de François Mitterrand : de l'alternance...
François Mitterrand est le premier président de gauche de la Ve République, et il est soutenu par une « vague rose » aux législatives (majorité absolue des socialistes) ⇒ alternance.
Pas de révision de la Constitution et pas de réduction des pouvoirs présidentiels. Mais nombreuses réformes socialistes (programme des « 110 propositions ») avec le gouvernement Mauroy : 5ème semaine de congés payés, impôt sur la fortune, nationalisations, abolition de la peine de mort suite au combat de l'avocat Robert Badinter, etc. ⇒ popularité chez les électeurs et la presse de gauche.
3
… à la cohabitation
Augmentation du déficit et du chômage (en partie à cause des réformes) ⇒ politique de rigueur qui déçoit l'électorat ⇒ victoire de la droite aux législatives : majorité absolue du RPR et de l'UDF.
Situation inédite de cohabitation : Mitterrand, président de gauche, choisit Jacques Chirac, un Premier ministre de droite (car elle a la majorité) : ils font des compromis, en se présentant tous les deux lors des sommets internationaux, mais entrent parfois en conflit.
Le gouvernement de droite (Jacques Chirac) mène une politique libérale pour lutter contre la crise : privatisations (banques, chaînes TV) + réduction des dépenses publiques ⇒ mécontentement de l'électorat vis-à-vis de la droite ⇒ réélection de François Mitterrand.
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B
Une société en mutation
1
Les évolutions de la population active
Évolutions sociales (allongement de la durée des études, libéralisation de la contraception) + vieillissement de la population (« papy boom ») ⇒ ralentissement de la croissance démographique.
Tertiarisation de l'économie ⇒ développement d'une classe moyenne mais désindustrialisation et crise des secteurs primaires et secondaires ⇒ explosion du chômage (surtout pour les femmes, les jeunes sans diplôme, les plus de 50 ans et les immigrés) et de la précarité (temps partiel, CDD).
Face au chômage et à l'accroissement des inégalités sociales : initiatives publiques (impôt sur les grandes fortunes, revenu minimum d'insertion) et privées (Restos du Cœur créés par Coluche) ⇒ limiter l'exclusion sociale.
2
Évolutions et tensions sociales
Arrêt de l'immigration face à la crise et au chômage ⇒ une partie de l'immigration devient clandestine et est réprimée (sauf en cas de regroupement familial) ⇒ de moins en moins d'étrangers parviennent à rester en France.
Montée du racisme : xénophobie et racisme véhiculés par l'extrême droite (Front national) + conditions de vie difficiles pour les immigrés ⇒ mobilisation des jeunes issus de l'immigration : organisation d'une marche pour l'égalité par l'association SOS Racisme (fondée par Harlem Désir).
Cohésion sociale mise à mal pendant les « Vingt Piteuses » : chômage et récession entraînent des tensions sociales ⇒ ségrégation urbaine entre centre-villes et banlieues + stigmatisation de certaines populations (notamment les homosexuels depuis la découverte du virus du SIDA, qui créent l'association Act'Up Paris pour faire entendre leurs revendications).
3
Les femmes et les jeunes
Émancipation progressive des femmes :
féminisation du marché du travail, maisemplois peu qualifiés et salaires inférieurs ⇒ 1983 : la loi Roudy réaffirme le principe d'égalité entre les femmes et les hommes au travail ;
intégration des femmes dans la vie politique : quatre femmes dans le gouvernement Chirac, création d'un secrétariat d'État à la Condition féminine confié à Françoise Giroud ;
vote de lois grâce aux mouvements féministes ⇒ légalisation de l'avortement suite au projet de loi de la ministre de la Santé Simone Veil, établissement du divorce par consentement mutuel, définition du crime de viol.
Après Mai 68, les jeunes apparaissent comme acteurs essentiels de la vie politique ⇒ Giscard d'Estaing fait passer la majorité à 18 ans. Mais les jeunes s'intéressent moins à la vie politique institutionnelle qu'aux mobilisations citoyennes (ex : lutte contre l'extension d'un camp militaire sur le
plateau du Larzac, qui devient un lieu de protestation contre le nucléaire, l'armée, voire l'État).
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C
Les mutations culturelles de la société française
1
Les transformations du paysage culturel
Évolutions de l'enseignement :
massification scolaire pour augmenter le niveau de qualification :
collège unique + accès accru au lycée ;
tentative de diminution des inégalités : création des ZEP pour offrir des moyens supplémentaires aux écoles en difficulté ;
réforme de l'université : loi Savary visant à unifier les différents cursus, puis échec de la loi Devaquet qui prévoyait une sélection à l'entrée de l'université.
Nouvelles formes de culture populaire :
installation de la « civilisation des loisirs » grâce à la réduction du temps de travail et la hausse du pouvoir dʼachat ⇒ essor et standardisation de l'industrie des loisirs et de la culture (culture de masse) mais persistance des inégalités ;
essor d'une culture jeune aux pratiques spécifiques (musiques, jeux vidéos, style vestimentaire, etc.) ;
l'humour devient politique : critique du Gouvernement par les nouveaux comiques, qui abordent des sujets politiques et sociaux (racisme, sexualité).
2
Les évolutions de la politique culturelle
Rôle de l'État : grands travaux présidentiels (Giscard d'Estaing lance la construction de la Cité des sciences, Mitterrand lance le chantier de la BNF) + rôle du ministre de la Culture Jack Lang ⇒ gauche au pouvoir = culture au premier plan : soutien de l'État envers les industries culturelles, les artistes individuels, les nouvelles formes artistiques (ex : musiques populaires à la Fête de la musique).
Transformations du paysage audiovisuel : libéralisation du secteur audiovisuel (suppression de l'ORTF, autorisation des radios libres, création de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle) puis éclatement par une succession de privatisations ⇒ ère de la télévision commerciale (course à l'audience, publicité).
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