Le sujet de dissertation doit être travaillé pour faire ressortir le problème dont il est question ; ce travail se nomme la problématisation et fait la particularité de la dissertation philosophique.
Il s'agit donc d'abord de travailler le sujet pour bien comprendre la question posée, les termes en présence ainsi que les
présupposés (voir
).
La problématisation, qui suit l'étude du sujet, ne peut pas être systématiquement produite par l'application d'une unique
méthode : il existe autant de problématiques que de sujets. On peut néanmoins comprendre en quoi cela consiste, et
comment certaines techniques permettent de s'entraîner à problématiser.
En quoi la problématisation consiste-t-elle ?
Il n'y a pas de problème pour celui qui a déjà tout compris. Problématiser revient déjà à expliquer ce qui est difficile
à comprendre dans un sujet. Répondre spontanément par « oui » ou « non » au sujet peut être le signe que l'on est
passé à côté de la problématique. Problématiser, c'est :
- expliquer pourquoi une réponse directe n'est pas possible ;
- expliquer pourquoi on ne comprend pas, d'emblée, le sujet ;
- exposer la tension entre les termes du sujet ;
- révéler le paradoxe du sujet.
Toutes ces formulations se valent. Elles présentent toutes le même point commun : il s'agit de rendre explicite un
point de résistance qui est implicite dans la formulation du sujet. Toute la dissertation est un essai pour résoudre
cette difficulté. S'il n'en existe pas, il est impossible de disserter. Inversement, il est normal de trouver plusieurs problématiques : il vaut mieux privilégier la plus précise à la plus générale.
Comment problématiser ?
Dans un premier temps, il s'agit d'analyser le sujet (voir
), puis de faire apparaître une tension. Il faut surtout être
capable de synthétiser l'enjeu du sujet. Pour cela, il est possible de partir de couples de notions qui sont des outils
de problématisation à adapter au sujet :
- opposition et relation : deux éléments sont mis en tension, car l'un est mis en opposition avec l'autre, alors que
l'on pourrait proposer une relation. Par exemple : la science peut-elle faire disparaître la religion ?
- valeur, sans valeur : deux éléments sont en tension, car l'un est présenté comme dévalorisé par rapport à l'autre.
Par exemple : l'opinion doit-elle subsister à côté de la science ?
- nécessité et impossibilité : il existe une tension, car une réponse est nécessaire, et pourtant impossible dans le
même temps. Par exemple : une science peut-elle prouver ses axiomes ?
La liste ci-dessus n'est pas exhaustive ; il existe de nombreux couples d'outils permettant de formuler cette problématisation,
à commencer par les repères au programme (voir
). Cependant, c'est aussi à l'élève de se constituer
une liste personnelle : cela fait partie des compétences qui sont attendues de lui. Chaque sujet est un cas particulier
qui nécessite de créer de nouveaux outils de problématisation.