Le sujet de dissertation doit être travaillé pour faire ressortir le problème dont il est question ; ce travail se nomme la
problématisation et fait la particularité de la dissertation philosophique.
Il s’agit donc d’abord de travailler le sujet pour bien comprendre la question posée, les termes en présence ainsi que les
présupposés (voir p. 246).
La problématisation, qui suit l’étude du sujet, ne peut pas être systématiquement produite par l’application d’une unique
méthode : il existe autant de problématiques que de sujets. On peut néanmoins comprendre en quoi cela consiste, et
comment certaines techniques permettent de s’entraîner à problématiser.
En quoi la problématisation consiste-t-elle ?
Il n’y a pas de problème pour celui qui a déjà tout compris. Problématiser revient déjà à expliquer ce qui est difficile
à comprendre dans un sujet. Répondre spontanément par « oui » ou « non » au sujet peut être le signe que l’on est
passé à côté de la problématique. Problématiser, c’est :
expliquer pourquoi une réponse directe n’est pas possible ;
expliquer pourquoi on ne comprend pas, d’emblée, le sujet ;
exposer la tension entre les termes du sujet ;
révéler le paradoxe du sujet.
Toutes ces formulations se valent. Elles présentent toutes le même point commun : il s’agit de rendre explicite un
point de résistance qui est implicite dans la formulation du sujet. Toute la dissertation est un essai pour résoudre
cette difficulté. S’il n’en existe pas, il est impossible de disserter. Inversement, il est normal de trouver plusieurs problématiques
: il vaut mieux privilégier la plus précise à la plus générale.
Comment problématiser ?
Dans un premier temps, il s’agit d’analyser le sujet (voir p. 246), puis de faire apparaître une tension. Il faut surtout être
capable de synthétiser l’enjeu du sujet. Pour cela, il est possible de partir de couples de notions qui sont des outils
de problématisation à adapter au sujet :
opposition et relation : deux éléments sont mis en tension, car l’un est mis en opposition avec l’autre, alors que
l’on pourrait proposer une relation. Par exemple : la science peut-elle faire disparaître la religion ?
valeur, sans valeur : deux éléments sont en tension, car l’un est présenté comme dévalorisé par rapport à l’autre.
Par exemple : l’opinion doit-elle subsister à côté de la science ?
nécessité et impossibilité : il existe une tension, car une réponse est nécessaire, et pourtant impossible dans le
même temps. Par exemple : une science peut-elle prouver ses axiomes ?
La liste ci-dessus n’est pas exhaustive ; il existe de nombreux couples d’outils permettant de formuler cette problématisation,
à commencer par les repères au programme (voir p. 338). Cependant, c’est aussi à l’élève de se constituer
une liste personnelle : cela fait partie des compétences qui sont attendues de lui. Chaque sujet est un cas particulier
qui nécessite de créer de nouveaux outils de problématisation.
Exercice 1
Dans les questions suivantes, relevez celles qui nécessitent
une problématisation :
a)
b)
c)
d)
e)
f)
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Exercice 2
La science relève-t-elle du seul désir de vérité ?
Pour ce sujet, il est utile d’utiliser le couple de repères
réel/idéal pour trouver la tension dans le sujet. Est idéal un
objectif que l’on se propose de poursuivre en dehors de la
considération d’un contexte (politique, économique, juridique,
historique, etc.). À l’inverse, est réel un objectif qui
prend en compte les conditions et les conséquences de sa
réalisation.
a) La science étant au singulier, définissez la science en général.
Donnez deux définitions au moins.
b) Quelles nuances faites-vous entre la vérité et le désir de
vérité ?
c) Sur quelle restriction est construit le sujet ?
d) Sur un plan idéal, quel est l’objectif de la science ?
e) Sur un plan réel, quels ont été les objectifs de quelques
scientifiques majeurs du XXe siècle ? Vous devez partir
d’exemples concrets.
f) À partir de ces exemples, quels objectifs réels peuvent être
proposés à la place du désir de vérité ?
g) Formulez la tension du sujet sous la forme suivante :
la science semble idéalement être la recherche de Cependant,
l’exemple de montre qu’en réalité, la science a été
préoccupée par et par donc on peut se demander
si c’est du désir de vérité ou du désir de
dont relève la
science.
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Exercice 3
L’esprit peut-il être objet de science ?
Pour ce sujet, il est utile d’utiliser le couple nécessité/impossibilité
pour trouver la tension dans le sujet. Ce couple est
décrit dans le paragraphe méthodologique ci-contre.
a) Définissez ce qu’est l’objet d’une science et définissez l’esprit
de deux manières au moins.
b) La science repose sur une méthode. Cette méthode est-elle
une œuvre de l’esprit ? Pourquoi ?
c) Un scientifique doit-il s’interroger sur ses méthodes ? Pourquoi
?
d) Peut-on être à la fois sujet et objet ? Quelles difficultés
cela pose-t-il ?
e) Peut-on imaginer une science élaborée sans esprit ?
f) Formulez la tension du sujet sous la forme :
il semble
nécessaire de reconnaître que la science est élaborée grâce mais dans le même temps, il est impossible que la
science car ce serait .
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Exercice 4
Faut-il chercher des vérités hors de la science ?
Pour ce sujet, il est utile d’utiliser le couple inclusion/exclusion
pour trouver la tension dans le sujet. Une inclusion suppose
une dépendance : ainsi, les enfants sont inclus dans la
famille, car ils dépendent des parents (juridiquement, socialement,
biologiquement). L’exclusion suppose l’inverse : une
indépendance.
a) Quelle inclusion le sujet demande-t-il d’interroger ?
b) De quel type est cette dépendance (logique, sociale, empirique,
etc.) ?
c) Quelles activités sont exclues du domaine scientifique et
pourquoi ?
d) Ces activités prononcent-elles des vérités ? En quel sens ?
e) Que faudrait-il que ces disciplines modifient pour être
incluses dans les sciences ?
f) Est-ce que la vérité dépend d’un critère ou d’une appartenance
à un domaine ?
g) Formuler la tension du sujet sous la forme : si les vérités
sont souvent reliées au domaine des sciences, c’est que les
sciences . Cependant, d’autres disciplines peuvent élaborer
des vérités en utilisant une méthode , donc la vérité
ne dépend pas de mais plutôt de
.
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Exercice 5
Pour tous les sujets ci-dessous, proposez un couple d’outils
pertinent pour problématiser :
a) Faut-il attendre de la science qu’elle ait réponse à tout ?
b) Les sciences de l’homme sont-elles des sciences à part
entière ?
c) La science est-elle une croyance justifiée ?
d) La science peut-elle produire des croyances ?
e) Y a-t-il contradiction entre la prétention des sciences à la
vérité et le fait qu’elles ont une histoire ?
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Exercice 6
Pour tous les sujets ci-dessous, trouvez un paradoxe qui permet
de les problématiser :
a) L’homme peut-il être l’objet d’une science particulière ?
b) La recherche scientifique peut-elle être désintéressée ?
c) La science peut-elle améliorer l’homme ?
d) Y a-t-il incompatibilité entre la science et la religion ?
e) Faut-il croire en la science ?
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