La condition ouvrière n'est pas un ouvrage publié du vivant de Simone Weil mais il constitue un recueil de textes variés qui ont tous pour objet la condition ouvrière et qui ont été écrits pendant ou après l'expérience à l'usine de Simone Weil. Nous trouvons ainsi plusieurs lettres à ses proches, comme son ancienne élève du Puy-en-Velay Simone Gibert, ou à ses camarades militants — Boris Souvarine et Nicolas Lazarévitch notamment — qui racontent son travail à l'usine et les difficultés qu'elle rencontre. Nous trouvons également le
Journal d'usine qu'elle a tenu pendant cette année où elle recense les tâches effectuées et ses impressions au fil des jours. Sont présents enfin un certain nombre d'articles de Simone Weil, publiés dans différentes revues, notamment militantes, et parfois sous pseudonyme, qui proposent d'analyser la condition ouvrière ou la conjoncture politique de l'époque.
Le texte « expérience de la vie d'usine » constitue un de ces articles. Ce texte est d'abord l'ébauche d'une lettre de Simone Weil adressée à l'écrivain Jules Romains, écrite en 1935. Simone Weil a lu son livre
Montée des périls, où l'auteur décrit dans un chapitre la vie ouvrière : elle est très affectée par ce chapitre et souhaite lui faire part de ses impressions. Ce n'est ensuite qu'en 1941 qu'elle reprend cette lettre pour la retoucher puis la publie dans la revue
Économie et humanisme, utilisant le pseudonyme d'Émile Novis.
Ce texte s'inscrit dans le contexte de son expérience de la vie ouvrière qui l'a profondément marquée. Le 4 décembre 1934, elle entre en effet comme ouvrière sur presse chez Alsthom (devenu Alstom depuis) à Paris. Titulaire d'une agrégation de philosophie, elle souhaite vivre de l'intérieur la condition ouvrière. Elle y travaille jusqu'en avril, avec plusieurs périodes de mise à pied ou de convalescence. Elle travaille ensuite un mois aux usines de Boulogne-Billancourt comme emballeuse avant de travailler, à partir de juin, aux usines Renault en tant que fraiseuse. En août 1935, elle cesse de travailler à l'usine et enseigne à la rentrée au lycée de Bourges.
Simone Weil livre dans cet article un témoignage de la vie d'usine.
- Dans une première partie du texte, elle analyse les causes de la servitude du travail ouvrier. En quoi s'agit-il d'un travail contraint et non émancipateur ?
- Puis, dans un second temps, elle propose plusieurs voies pour repenser le travail à l'usine, notamment en modifiant profondément l'organisation du travail.