Ce qui est idéal correspond à l’idée que l’on se fait de quelque
chose ou de quelqu’un, c’est-à-dire à ce qu’il doit être (la maison
idéale, l’homme ou la femme idéal(e), etc.). Par conséquent,
idéal signifie « parfait dans son genre », et non ce qui est
absolument parfait, comme Dieu par exemple. L’expérience
montre que ce qui est réel est rarement idéal. Kant, dans la
Critique de la raison pratique, donne une définition idéale du
bonheur : « Le bonheur est l’état dans le monde d’un être raisonnable,
à qui, dans tout le cours de son existence, tout arrive
suivant son souhait et sa volonté ». Dans L’utilitarisme, Mill en
propose une plus compatible avec le réel : « Une existence
faite de peines peu nombreuses et transitoires, de plaisirs
nombreux et variés, avec une prédominance de l’actif sur le
passif, une existence assise sur ce principe, qu’il ne faut pas
demander à la vie plus qu’elle ne peut donner. »
◆Public / Privé
Ce qui est public concerne la vie en collectivité. Ainsi la « république
» est étymologiquement la « chose publique » (res
publica en latin), c’est-à-dire – telle que la définit Rousseau
dans le livre II de Du contrat social – un « État régi par des lois »
dans lequel c’est seulement « l’intérêt public » qui gouverne.
Ce qui est privé, au contraire, ne concerne qu’un individu ou
un groupe d’individus.
◆Théorie / Pratique
Une théorie (du grec theorein, « contempler », « observer »,
« examiner ») est ici un ensemble d’explications organisées
en un système cohérent. Une pratique (du grec praktikos,
« actif », « efficace ») est la mise en application des règles ou
des conseils fondés sur une théorie.
Glossaire
◆Béatitude / Félicité
Ces mots désignent tous deux un très
grand bonheur, voire le plus grand
bonheur qui puisse se concevoir. Si la
félicité renvoie le plus souvent à un
bonheur « terrestre » et la béatitude
au bonheur « céleste » (associé par
exemple au paradis des monothéismes
occidentaux ou au nirvana bouddhiste),
la béatitude peut aussi être conçue
indépendamment de toute référence
religieuse. Pour Spinoza, par exemple,
la béatitude est l’état de l’être humain
qui, libéré de ses passions, parvient à
un degré supérieur de connaissance
de Dieu, c’est-à-dire de la nature (voir
notamment la cinquième partie de
l’Éthique).
◆Bonheur
Le bonheur est un état de satisfaction
durable de toutes les aspirations d’un
individu (voir les définitions de Kant et
Mill ci-dessus, pour le repère « idéal/
réel »).
◆Eudémonisme
Du grec ancien eudaimonia, que l’on
peut traduire par « bonheur », « félicité » ou « béatitude », l’eudémonisme
désigne toute doctrine philosophique
qui considère le bonheur comme étant le souverain bien, c’est-à-dire
le but ultime de l’existence humaine.
La plupart des philosophes et des
écoles philosophiques de l’Antiquité
(Aristote, les stoïciens, les épicuriens,
etc.) peuvent être qualifiés d’eudémonistes,
tout en présentant de grandes
divergences sur la voie à suivre pour
atteindre le bonheur.
◆Hédonisme
Du grec ancien hêdonế, plaisir, le mot
hédonisme désigne toute doctrine
philosophique qui considère le plaisir
comme étant le souverain bien. L’hédonisme
consiste également à éviter
autant que possible toute forme de
souffrance. Mais on peut aussi considérer
l’hédonisme comme une forme
particulière d’eudémonisme (voir
ci-contre), en définissant le bonheur
comme une suite de plaisirs ou en
considérant que le plaisir est, du moins,
la principale voie d’accès au bonheur.
◆Joie
Le terme joie renvoie à une satisfaction
psychologique moins durable que
le bonheur, mais plus que le plaisir et
qui, contrairement à ce dernier, occupe
sans euphorie toute la conscience de
celui qui l’éprouve.
◆Passion / Action
Ces notions renvoient respectivement
à la passivité et à l’activité. Le mot
passion signifie étymologiquement
souffrance (passio en latin, pathos en
grec ancien), et plus globalement le
fait d’être affecté, d’où le sens proche
d’émotion, que l’on trouve en français
notamment à partir de l’époque
classique (voir Les passions de l’âme,
ouvrage de Descartes publié en 1649).
Tous ces aspects renvoient, d’une
manière ou d’une autre, à la passivité,
au fait de subir indépendamment de
sa volonté, voire contre sa volonté.
Le sens moderne (être très fortement
attaché) restreint le sens classique.
L’action, au contraire, renvoie à ce qui
est volontaire, intentionnel. L’action est
souvent associée à la raison en plus de
la volonté. En lien avec le bonheur, la
question est alors de savoir si l’être
humain est davantage heureux dans la
passivité, voire dans la passion subie,
ou au contraire dans l’activité (voir le texte 3
d'Alain (⇧)).
◆Plaisir
Il s’agit d’une sensation physique ou
d’une émotion psychologique agréable
et de courte durée, d’intensité variable.
Utilisation des cookies
En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant le bon fonctionnement du service. Pour plus d’informations, cliquez ici.