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Introduction
La notion de bonheur renvoie à des enjeux individuels et collectifs, moraux, culturels et politiques. Or, philosophiquement,
il ne s'agit pas seulement de savoir comment être heureux, mais si cette quête du bonheur, aussi universelle
qu'elle paraisse en fait, doit primer en droit sur toutes les autres, notamment celles que requièrent la morale et la
politique. Devons-nous chercher à être heureux à tout prix ?
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Réflexion 1
Que désire-t-on quand on désire être heureux ?
Y a-t-il un art d'être heureux ?
Comment éviter le malheur ? Les philosophes n'abordent pas ces questions de la même manière, mais ils s'accordent
généralement sur le fait que nous avons une certaine responsabilité dans notre bonheur ou notre malheur.
Contrairement à ce que suggère l'étymologie du mot, le « bon-heur » n'est pas seulement une affaire de chance,
mais aussi une question de contrôle des désirs, pour Épicure comme pour Sénèque.
Le bonheur est-il matériel ?
Le bonheur réside moins, semble-t-il, dans la possession de tel ou tel bien que dans notre rapport au monde et
aux autres. Car si nous ne pouvons pas savoir ce qui nous rend durablement et assurément heureux (ce qu'affirme
Kant), il reste que ceux qui semblent avoir trouvé le bonheur ont en commun d'être actifs dans sa construction.
Ainsi, la thèse d'Alain se trouve confirmée par les enquêtes sociologiques sur cette question.
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Réflexion 2
Le bonheur dépend-il de nous ?
L'idéal du bonheur est-il propre à chaque culture ?
Les exemples asiatiques du taoïsme et du bouddhisme, dont témoignent le texte de Zhuangzi et le film Samsara,
font apparaître, d'une part, des approches du bonheur qui semblent différer des approches occidentales, et d'autre
part, des éléments communs, comme la méfiance à l'égard des désirs. Cette proximité se retrouve d'ailleurs dans
l'idéal de la vie monacale (commune au catholicisme et au bouddhisme), et même dans le modèle de l'ermite.
Est-il en notre pouvoir d'être heureux ?
Descartes nous invite à changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde. Son objectif est d'atteindre un contentement
en renonçant à désirer ce que l'entendement sait impossible. Mais l'analyse du malheur que nous propose
Weil montre que nous ne maîtrisons pas la venue de ce dernier dans nos vies. Le malheureux, submergé par une
dégradation de ses conditions de vie sur tous les plans, est incapable de réagir pour lui comme pour autrui.
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Réflexion 3
Faut-il renoncer à l'idéal du bonheur ?
Le bonheur est-il le but de la morale ?
Les philosophes présentent sur cette question de grandes divergences : par exemple, selon Mill, les actions morales
sont précisément celles qui visent le plus grand bonheur « terrestre » pour le plus grand nombre, alors que Kant
considère que la morale – qui s'appuie nécessairement sur la religion – ne peut que nous donner l'espoir, si nous
sommes vertueux, d'un bonheur suprême, c'est-à-dire de la félicité, après notre mort, au paradis.
Le bonheur est-il un idéal inatteignable ?
La définition du bonheur suppose un état de satisfaction permanente qui ne semble pas accessible à l'homme,
selon Rousseau. Cependant, cela n'interdit en rien l'accès au contentement. Si ce dernier est moins permanent
que le bonheur, il est communicable. Constitué de joies simples, il peut se répandre dans tout un peuple les jours
de liesse.
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Jeremy Bentham, Introduction aux principes de morale et de législation, 1789
Arthur Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1851
Alain, Propos sur le bonheur, 1925
Bertrand Russell, La conquête du bonheur, 1930
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Pour aller plus loin
À lire
Gilles Lipovetsky, Le bonheur paradoxal : essai sur la
société d'hyperconsommation, 2006
Alors que nous entrons dans la troisième mutation de
l'homme défini par l'économie, jamais le bonheur n'a été
aussi difficile à atteindre. L'auteur s'interroge sur le mal-être
de nos contemporains.
Edgar Cabanas, Eva Illouz, Happycratie : comment
l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, 2018
L'injonction au bonheur caractérisant le monde contemporain
n'est plus liée à la vertu ou au bien commun, mais
est désormais le fonds de commerce de « marchands de
bonheur » : coach personnel, thérapies comportementales,
applications diverses. Devenons-nous des « psytoyens »
incapables de rester citoyens ?
Philippe Delerm, La première gorgée de bière et autres
plaisirs minuscules, 1997
Trente-quatre petits chapitres qui décrivent avec finesse
des plaisirs apparemment insignifiants, mais qui sont peutêtre
la véritable substance du bonheur.
À voir
Agnès Varda, Le bonheur, 1965
Ce film raconte l'histoire d'amour adultère
d'un homme marié. Son originalité
tient à l'absence de culpabilité et
de jugement moral liés à cet adultère.
C'est précisément pour cette raison
que le film fit scandale en 1965, et fut
interdit aux moins de 18 ans.