Philosophie Terminale

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 5
La vérité
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 16
La liberté
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 4
Réflexion 1

Quel rôle la raison joue-t-elle dans la connaissance scientifique ?

15 professeurs ont participé à cette page
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 1
Comment la raison construit-elle un savoir scientifique ?

Texte fondateur

L'originalité de Kant est de concilier l'empirisme, qui considère que toutes nos connaissances viennent de l'expérience, et le rationalisme pour qui seule la raison peut fonder une connaissance. Pour Kant, toute connaissance vient des sens, mais n'en dérive pas entièrement : elle suppose l'intervention de la raison. Cette position philosophique est nommée le criticisme.

Le premier qui démontra le triangle isocèle (qu'il s'appelât Thalès ou comme l'on voudra) eut une révélation ; car il trouva qu'il ne devait pas suivre pas à pas ce qu'il voyait dans la figure, ni s'attacher au simple concept de cette figure comme si cela devait lui en apprendre les propriétés, mais qu'il lui fallait réaliser (ou construire) cette figure, au moyen de ce qu'il y pensait et s'y représentait lui-même a priori1 par concepts (c'est-à-dire par construction), et que, pour savoir sûrement quoi que ce soit a priori, il ne devait attribuer aux choses que ce qui résulterait nécessairement de ce que lui-même y avait mis, conformément à son concept2.

 La physique arriva beaucoup plus lentement à trouver la grande route de la science ; car il n'y a guère plus d'un siècle et demi, que l'essai ingénieux de Bacon de Verulama a en partie provoqué, et, parce qu'on était déjà sur la trace, en partie stimulé encore cette découverte, qui ne peut s'expliquer que par une révolution subite de la pensée. Je ne veux ici considérer la physique qu'autant qu'elle est fondée sur des principes empiriques3.

Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur un plan incliné avec une [accélération déterminée] et choisie par lui-même, ou que Torricelli fit porter à l'air un poids qu'il savait être égal à [celui d'une colonne] d'eau à lui connue, ou que, plus tard, Stahl transforma des métaux en chaux et celle-ci à son tour en métalb, en y retranchant ou en y ajoutant certains éléments, alors ce fut une [nouvelle] lumière pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des lois constantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme en lisières ; car autrement nos observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avance ne sauraient se rattacher à une loi nécessairec, ce que cherche et exige pourtant la raison. Celle-ci doit se présenter à la nature tenant d'une main ses principes, qui seuls peuvent donner à des phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autre l'expérimentationd, telle qu'elle l'imagine d'après ces mêmes principes. Elle lui demande de l'instruire, non comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge en fonctions, qui contraint les témoins à répondre aux questions qu'il leur adresse. La physique est donc redevable de l'heureuse révolution qui s'est opérée dans sa méthode à cette simple idée, qu'elle doit chercher (et non imaginer) dans la nature, conformément aux idées que la raison même y transporte, ce qu'elle doit en apprendre, et dont elle ne pourrait rien savoir par elle-même. C'est ainsi qu'elle est entrée d'abord dans le sûr chemin de la science, après n'avoir fait pendant tant de siècles que tâtonnere.
Emmanuel Kant
Critique de la raison pure, 1787, Préface, trad. J. Barni, P. Archambaut.

Aide à la lecture

a. Il s'agit de Francis Bacon (baron de Verulam) qui, dans son Novum Organum, a précisé les règles de la méthode expérimentale. Il annonce la démarche scientifique moderne.
b. Avec ces exemples célèbres, Kant montre que les grands physiciens ne sont pas des empiristes naïfs, il font varier les conditions de l'expérimentation et utilisent la raison.
c. Les questions sont formulées par la raison. Les faits observés n'ont de sens qu'à partir d'hypothèses et les instruments produisent des données quantifiées dont la forme permet l'exploitation par la raison.
d. L'expérimentation menée par la science se distingue donc de l'expérience « faite au hasard ».
e. La raison tirerait tout d'elle-même si la physique cherchait à se constituer uniquement à partir de déductions successives, sans rien tirer de l'expérimentation. Le Moyen Âge a développé une telle physique. Elle a conduit à refuser l'existence du vide.

Notes de bas de page

1. Ce qui précède toute expérience et ne peut donc pas en dériver.
2. Représentation intellectuelle d'une chose caractérisée par son abstraction et sa généralité, alors que l'expérience est particulière et a lieu dans le temps et l'espace.
3. Relevant du travail effectué par les sens.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour KantKant
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Kant - XVIIIe siècle

Retrouvez
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Repères

  • Contingent / Nécessaire
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

Quel usage de la raison constitue le propre de la démarche scientifique ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 2
Une méthode pour conduire la raison

Penseur de la méthode, l'auteur cherche les principes nécessaires pour conduire celle-ci, afin « d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention ».

 Au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer.

 Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle : c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la préventiona ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.

 Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourraitb

 Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

 Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.
René Descartes
Discours de la méthode, 1637.

Aide à la lecture

a. La prévention désigne nos idées préconçues et nos opinions. La précipitation désigne le fait de ne pas suivre scrupuleusement les étapes de la pensée.
b. Il s'agit du principe de l'analyse, qui consiste à décomposer un tout en ses parties.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour René DescartesRené Descartes
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Descartes - XVIIe siècle

Retrouvez .
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

Une méthode peut-elle nous garantir contre les erreurs ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Activité

Dans le texte 1, Kant expose la manière dont l'homme utilise sa raison dans le cas de la physique et dans celui de la géométrie.
  • Pourquoi cet usage ne peut-il pas être exactement le même ?
  • Illustrez, à l'aide d'un exemple scientifique, le rôle de l'observation et de l'hypothèse dans une découverte de votre choix.
Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
collaborateur

collaborateurYolène
collaborateurÉmilie
collaborateurJean-Paul
collaborateurFatima
collaborateurSarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.