L'explication consiste à faire comprendre un fait, une idée ou une relation en les rendant compréhensibles aux autres et à soi-même. Comme le rappelle l'étymologie, expliquer revient à déplier (explicare en latin), c'est-à-dire à enlever les plis d'une chose, qu'on tente de comprendre en la déployant.
Comment expliquer un mot ?
En désignant les caractéristiques de la chose à expliquer au moyen d'adjectifs qualificatifs. Par exemple, la raison
est rationnelle et raisonnable.
En ajoutant des propositions subordonnées qui articulent les qualités identifiées de ce mot. Par exemple, la raison, qui permet de résoudre des problèmes moraux et logiques, etc.
En utilisant des antonymes. Par exemple, manquer de raison, c'est être irrationnel et déraisonnable.
Comment expliquer une difficulté ?
En identifiant si la difficulté vient d'une confusion entre deux termes ou vient d'un présupposé.
En identifiant si la difficulté vient d'une relation manquante entre des concepts.
En reformulant le style d'un texte trop dense ou sans conjonctions de coordination.
En proposant des hypothèses de lecture.
En vérifiant la cohérence entre vos hypothèses de lecture et le reste du texte.
En expliquant, nous vérifions que nous maîtrisons réellement ce que nous affirmons, en essayant de rendre notre pensée
accessible à toute autre pensée rationnelle.
Certaines personnes ont l'impression que si un désir d'ordre général, disons le
désir du bonheur de l'humanité, n'a pas la sanction du bien absolu, il est en quelque
sorte irrationnel. Cela tient à un reste de croyance à l'objectivité des valeurs.
Un désir ne peut être ni rationnel ni irrationnel par lui‑même. Il peut s'opposer
à d'autres désirs, et rendre malheureux ; il peut soulever une opposition
chez les autres, et être impossible à satisfaire. Mais il ne peut pas être considéré
comme « irrationnel » uniquement parce qu'on ne peut pas expliquer pourquoi
on le ressent. Nous pouvons désirer A parce que A mène à B, mais au bout du
compte, quand nous en avons fini avec les moyens, nous arrivons forcément à
quelque chose que nous désirons sans raison, mais non pas « irrationnellement »
pour autant.
Tous les systèmes de morale incorporent les désirs de ceux qui les prônent, mais
ce fait est caché par un brouillard de mots. Nos désirs sont en réalité d'ordre plus général et moins purement égoïstes que bien des moralistes ne l'imaginent ; s'il
n'en était pas ainsi, aucune morale théorique ne rendrait le progrès moral possible.
Penser, c'est dire non. Remarquez que le signe du oui est d'un homme qui
s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n'est que l'apparence. En tous ces cas-là, c'est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l'heureux acquiescement. Elle se sépare d'elle‑même. Elle combat contre elle‑même. Il n'y a pas au monde d'autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c'est que je consens, c'est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c'est que je respecte au lieu d'examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C'est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c'est nier ce que l'on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu'il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien.
a) En quoi cet extrait est-il déjà par lui-même un travail d'explication
? Quelles opérations effectue-t-il successivement ?
Quels liens pouvez-vous identifier entre ces opérations ?
b) Selon vous, reste-t-il encore un point du texte à expliquer ?
Pourquoi ? Rédigez un petit paragraphe pour le rendre compréhensible
aux autres.
Exercice 2
Texte 12.
Ce texte est typique d'une écriture dense. L'expliquer, c'est faire apparaître ses articulations implicites et sa
logique. Lisez-le deux fois, puis répondez aux questions.
a) Quel type de phrase l'auteur choisit-il d'employer au début
du texte ? Pourquoi ce choix va-t-il déterminer la suite
du texte ? Selon vous, quel est l'intérêt de cette stratégie
argumentative ?
b) « Elle rompt l'heureux acquiescement. Elle se sépare d'ellemême.
Elle combat contre elle-même ». De quoi ces
phrases sont-elles l'explication ? À quelle logique d'ensemble
obéissent-elles ? Formulez ces phrases de manière plus explicite
et plus développée.
c) « Il n'y a pas au monde d'autre combat ». Donnez une
justification à cette déclaration. Quelle autre partie du texte
justifie cette affirmation ?
d) En quoi la dernière phrase est-elle une conclusion ?
e) Résumez le cheminement de l'auteur sous la forme d'un
arbre dont les branches expliquent les voies suivies mais
aussi celles qui ont été abandonnées.
Exercice 3
Texte 3.
Relisez le texte d'Aristote et retrouvez les procédés suivants :
a) Une accumulation (témoignant d'une progression de la
pensée).
b) Une critique implicite (témoignant du renversement d'un
point de vue courant).
c) Un jeu grammatical (renseignant sur la nature du véritable
étonnement).
Exercice 4
Texte 2.
Relisez le texte de Descartes et expliquez pourquoi
l'auteur sera amené, dans le même livre, à comparer le
raisonnement avec de « longues chaînes de raisons ».
Exercice 5
Texte 4
, Texte 5
et Texte 6.
Expliquez la distinction entre l'être et
l'existence, en vous appuyant sur les textes mentionnés ci-dessus et en
variant les procédés utilisés (par exemple, en partant de la
définition de leurs antonymes, en dépliant les sens possibles
des termes, en essayant de trouver un troisième terme pour
distinguer les deux précédents).
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