Arthur percevait très nettement la solitude du jardin, et son silence ; pourtant il avait le sentiment de ne pas être seul. Aussi,
le jeune promeneur ne fut-il pas trop effrayé lorsqu'une voix, sortant de l'ombre épaisse d'un arbre gigantesque,
lui chuchota : « Voulez-vous me donner du feu, monsieur ? »
« Certainement », répondit-il, en essayant, sans y arriver, de distinguer le visage de
son interlocuteur.Celui-ci s'avança, et
le jeune homme lui tendit son briquet. La seule chose qu'il pouvait conclure au sujet de l'
individu qui venait de lui adresser la parole, était qu'il devait être de très petite taille, car Arthur dut singulièrement se pencher pour
lui présenter l'objet
demandé.L'inconnu rendit le briquet, en marmonnant un vague remerciement à l'intention
du jeune homme, et
celui-ci dut chercher l'objet à tâtons dans l'obscurité.
D'après F. J. O'Brien
La Chambre perdue, 1858.