⬥ Épictète n’écrit rien, en tout cas nous n’en avons aucune trace, mais nous connaissons sa pensée grâce à son élève Arrien. Celui-ci a retranscrit les leçons de son maître dans le Manuel et dans huit livres d’Entretiens, dont seulement quatre nous sont parvenus.
⬥ Que nous enseigne Épictète ? Contrairement à ce que nous lisons parfois, il ne nous conseille pas la soumission. Bien au contraire, il considère que s’il y a des choses qui ne dépendent pas de nous, comme les honneurs, le pouvoir, la richesse, il y en a qui sont en notre pouvoir. Ce qui dépend de nous, ce sont nos sentiments et nos jugements. C’est dans ces derniers que se trouve la plus grande liberté, la liberté absolue de décider, d’accepter ou de refuser.
⬥ Épictète considère, en tant que stoïcien, que chacun a un rôle qu’il accepte librement de jouer. Il ne s’agit donc pas de servitude, mais au contraire d’une liberté inconditionnelle et inconditionnée. Dans le chapitre II des Entretiens, Épictète fait appel à l’exemple de la réponse de Priscus Helvidius à Vespasien :
« Il est en ton pouvoir, lui répondit [Prisucs Helvidius], de ne pas me laisser être du sénat ; mais tant que j’en serai, il faut que j’y aille. — Eh bien ! Vas-y, lui dit l’empereur, mais tais-toi. — Ne m’interroge pas, et je me tairai. — Mais il faut que je t’interroge. — Et moi, il faut que je dise ce qui me semble juste. — Si tu le dis, je te ferai mourir. — Quand t’ai-je dit que j’étais immortel ? Tu rempliras ton rôle, et je remplirai le mien. Ton rôle est de faire mourir ; le mien est de mourir sans trembler. Ton rôle est d’exiler, le mien est de partir sans chagrin. »
⬥ La philosophie d’Épictète ne prône donc pas le renoncement à soi ni l’avilissement. Bien au contraire, elle défend absolument la dignité humaine, qui repose sur le libre arbitre de chacun, c’est-à-dire la capacité de choisir qui l'on veut être.
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La philosophie d’Épictète est alors une sagesse qui nous enseigne à comprendre ce qui dépend de nous, à ne pas nous compromettre et à rester fidèles à nous-mêmes, à l’image de ce que fut Socrate, autre modèle d’Épictète. Il nous faut donc nous détacher des choses vaines, en pratiquant une forme d’ascèse qui rend possible ce détachement.