⬥ Lou Andréas‑Salomé dit de son ami : « En Nietzsche coexistaient, dans un état permanent de tension et de conflit, un musicien remarquable, un esprit libre, un réformateur religieux, et un poète inné ». Nietzsche n’écrit que pour lui‑même : la plupart de ses oeuvres sont des monologues intérieurs. Ses oeuvres prennent souvent la forme d’une collection d’aphorismes, ce qui donne lieu à de nombreux contresens : on peut faire dire ce que l’on veut à un aphorisme sorti de son contexte, par exemple « Dieu est mort ». À chaque aphorisme écrit par Nietzsche, il semble que l’on puisse en trouver un autre qui soutienne la position inverse. Nietzsche n’est pas pour autant relativiste : sa philosophie est une perspective qui oriente ses apparentes contradictions.
⬥ Dans son oeuvre, en particulier à partir de 1878, il critique la civilisation moderne. Selon lui, son époque est décadente : s’il y a encore des valeurs, elles ne sont là que pour masquer l’imminence de la mort de l’homme moderne. Bien qu’il écrive sur les valeurs et la morale, Nietzsche n’a pas pour but de nous donner des leçons ou de faire changer l’homme. Il critique vivement la soumission de l’homme à des valeurs qui lui sont extérieures, qu’elles soient religieuses ou morales. La vérité n’échappe pas à ses soupçons.
⬥ Le but est de devenir « surhomme », de ne pas se soumettre à un but étranger à soi, de ne pas placer la vertu au‑dessus de soi. Selon Nietzsche, il n’y a pas d’arrière-monde à rechercher derrière nos impressions sensibles : la recherche de la vérité est un impératif moral, et non une exigence épistémologique. Si Nietzsche rejette le mythe de l’objectivité en science, il ne condamne pas pour autant toute démarche scientifique.