⬥ Le titre de l’ouvrage majeur de Schopenhauer,
Le Monde comme volonté et comme représentation, nous éclaire sur deux aspects fondamentaux de sa philosophie :
⬥ Schopenhauer admet avec Kant que la connaissance que nous pouvons avoir du monde dépend de certaines conditions dont nous ne pouvons nous extraire, ce qui nous empêche de connaître le monde en lui-même. Autrement dit : « Le monde est ma représentation ». Les représentations sont de deux sortes :
- Les « représentations intuitives », qui nous sont communes avec les animaux, comportent les sensations et les « affections » (plaisir, tristesse, etc.).
- Les « représentations abstraites », qui nous distinguent des autres animaux, que nous formons grâce à la raison.
La raison produit ainsi des concepts, qui seront exprimés par le langage et utilisés notamment par les sciences ; ces dernières ne sont pas pour autant indépendantes de l’intuition et du sensible : Schopenhauer est sans doute plus empiriste qu’il ne le reconnaît lui‑même.
⬥ Ce que Schopenhauer nomme « Volonté » est la clé qui permet de résoudre l’apparente impossibilité pour le sujet de se connaître lui‑même, le sujet ne pouvant se prendre lui‑même comme objet de sa propre connaissance. L’être humain n’est pas un « pur sujet connaissant », il a aussi un corps, par lequel il peut entrevoir le motif de toutes ses actions : sa volonté. De même que « le monde est ma représentation », Schopenhauer écrit aussi : « Le monde est ma volonté », ou plutôt la Volonté, concept étendu à l’ensemble du monde. La connaissance que chacun de nous peut avoir de la Volonté commence par celle de sa volonté ; mais cette connaissance n’est pas rationnelle, elle est intuitive et, à partir de la volonté de son corps, peut par analogie être étendue au monde dans sa totalité. C’est ici que Schopenhauer rejoint les pensées orientales, hindouistes et bouddhistes : la Volonté, paradoxalement, ne veut rien en elle-même, elle est seulement un principe explicatif du monde dans sa totalité, que l’on peut à ce titre rapprocher par exemple du Tao.
⬥ Parmi les autres ouvrages importants de Schopenhauer, on peut citer
Le fondement de la morale, dans lequel, à la suite de Rousseau, il fait de la pitié le véritable fondement de la morale. La pitié consiste dans la participation à la souffrance d’autrui et vise à la supprimer. De la pitié procèdent deux vertus cardinales : la justice (ne nuire à personne) et la charité (aider autrui autant que possible). La pitié a également une fonction métaphysique, puisqu’elle nous permet d’éprouver, à travers la suppression de la différence entre toi et moi, l’unité fondamentale du monde.