⬥ Dramaturge, philosophe et critique d’art, Diderot a eu une importance majeure sur le plan littéraire, philosophique et artistique.
⬥ Plus qu’une présentation dogmatique de ses idées, son œuvre se veut une invitation à la réflexion. Ses œuvres principales –
Le Neveu de Rameau,
Le Rêve de D'Alembert,
Supplément au Voyage de Bougainville,
Jacques le fataliste – se présentent toutes sous une forme dialoguée complexe, dans laquelle aucun personnage n’est l’unique porte-parole de la pensée de l’auteur.
⬥ Si Diderot refuse d’imposer la moindre doctrine à ses lecteurs, plusieurs interrogations philosophiques traversent son œuvre :
- Les liens entre la morale et la religion : à quoi sert la morale dans un monde sans Dieu ?
- Notre rapport aux œuvres d’art ;
- La nature et l’origine de l’être humain ;
- La nature de la sexualité et de l’amour ;
- La place du philosophe par rapport au politique.
⬥ Sur cette dernière question, l’
Essai sur les règnes de Claude et de Néron, publié en 1782, revient sur les rapports entre le philosophe et le pouvoir politique et remet en question toute forme de despotisme.
Sur le plan social, il diverge des positions rousseauistes, en considérant que l’homme doit vivre avec ses semblables, c’est la condition non suffisante de son élévation morale : « il n'y a que le méchant qui soit seul ».
⬥ Sur le plan religieux, les idées de Diderot vont progressivement évoluer vers le théisme, le déisme, puis le matérialisme, comme en témoignent successivement
Pensées philosophiques (1746),
Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749) et
Supplément au voyage de Bougainville (1772). Dans ce dernier ouvrage, Diderot critique la religion en tant que système fondé sur la croyance en un être supérieur.
⬥ La pensée matérialiste de Diderot se caractérise par l’hypothèse de la matière sensible : la pierre aussi bien que l’être humain serait constituée de molécules de matière qui peuvent sentir. L’homme apparaît alors comme un « clavecin sensible ». À l’intérieur d’un clavecin, les cordes peuvent se mettre à vibrer à leur tour par la propagation des vibrations des premières cordes. De même chez l’homme, une idée peut en éveiller une autre à partir d’une seule sensation.